Selon Samir Abdelkrim, fondateur de Emerging Valley dont la prochaine édition se tiendra les 27 et 28 novembre prochains, « l'écosystème tech africain se caractérise par une diversification remarquable ». Il cite, pour exemple, les secteurs de la fintech, de la santé numérique et de l'agrotech en plein essor. En effet, le nombre d’entreprises de fintech, sur le continent, s’élève à 678, soit une hausse de 17,7% comparé à 2021, selon le dernier rapport Disrupt Africa. Des pépites issues de vingt-cinq pays.
Concernant l’agritech, ce secteur a enregistré un bond de 250% en 2022. « 482,3 millions de dollars ont été levés par les startups du secteur, selon le fonds de capital-risque AgFunder » précise l’auteur de Startup Lions, au cœur de l’African Tech. « Des entreprises ayant acquis une renommée internationale comme Twiga Food, une plateforme mobile mettant en relation les fournisseurs et les petits épiciers dans les marchés urbains d'Afrique, illustrent cette dynamique ».
Enfin, dans le domaine de la santé, l’application des nouvelles technologies à ce secteur essentiel a été stimulée par la pandémie de Covid-19. On peut citer Ilara Health, une startup kenyane qui vise à améliorer l’accès aux diagnostics médicaux dans les zones mal desservies et le fonds d’investissement capital-risque de l’Université Mohamed VI Polytechnique (UM6P Venture) qui a investi dans Zuri Health
“Emergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs africains, animés par un esprit d'innovation et une volonté de répondre aux défis spécifiques du continent ”
« Ce mouvement s'inscrit dans une vague plus large d'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs africains, animés par un esprit d'innovation et une volonté de répondre aux défis spécifiques du continent » acquiesce Samir Abdelkrim.
Ce dynamisme technologique est largement porté par l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA). « Les progrès en IA sur le continent sont impressionnants, notamment dans l'agriculture de précision et la santé. Ce dernier marché est estimé à 234,5 milliards de dollars en 2023 par Global Health Care Outlook 2020 » précise le fondateur de Emerging Valley. Il ajoute : « Les années 2022-2023 ont constitué un tournant majeur dans le domaine de l’IA, avec le lancement, dans dix-sept pays africains, du programme Google for Startups Accelerator: AI First, la création de l’Observatoire africain de l’intelligence artificielle responsable, en Afrique du Sud ou encore les objectifs de formation digitale annoncés par de nombreux pays tels que le Nigéria ou le Bénin. »
Malgré les innovations, la tech africaine fait face à une réduction des financements. Selon les données de la newsletter « Africa: The Big Deal », la valeur des financements captés par les startups africaines est passée de 6,5 milliards de dollars entre juin 2022 et juillet 2021 à 4,1 milliards de dollars, entre juillet 2022 et juin 2023. En effet, « les levées réalisées au premier trimestre sur marché des venture capital (VC) africain en 2023 a chuté de 52,4%, dépassant péniblement le milliard de dollars, selon Disrupt Africa » confirme Samir Abdelkrim. Jusqu’ici protégée, l’Afrique a, en 2023, pâti de la crise du capital-risque, liée à la hausse du taux directeur, qui touche les Etats-Unis. Plusieurs sociétés dont la Silicon Valley Bank (SVB) ont fait faillite, réduisant de facto le financement des entreprises africaines.
Cependant, cette période d’hivernage sera de courte de durée, selon les spécialistes. « Nous sommes dans une phase de correction nécessaire » a expliqué Christophe Viarnaud, fondateur d’AfricArena, au journal La Tribune en juin dernier. « Par ailleurs, le recours à la dette pour le financement des actifs est en progression continue. Tous ces éléments indiquent que nous allons dans le bon sens » a-t-il ajouté. Après la bulle (spéculative), vient le beau temps.