Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Christian Kamayou, fondateur d'AKIBA Business Partners, depuis 2020. En tant qu'entrepreneur et consultant spécialisé dans l'innovation et les stratégies de levée de fonds, mon équipe, basée à Paris, Nairobi et Douala, offre des services complets dédiés aux entrepreneurs africains et aux PME.
Ma passion pour le développement de l'écosystème entrepreneurial africain m'a conduit à lancer, en 2018, l'initiative MyAfricanStartup. Cette activité à but non lucratif met en lumière les startups prometteuses à travers un palmarès annuel des "100 startups africaines innovantes". Soutenue par des partenaires prestigieux, notre objectif est d'accroître la visibilité de ces startups et de guider les investisseurs.
Diplômé d'HEC Paris, je demeure actif au sein du comité des anciens élèves de HEC et je suis un ancien Young Leader de l'Aspen Institute. L'initiative MyAfricanStartup célèbre l'ingéniosité africaine, encourage les investisseurs et inspire les générations futures en les invitant à explorer le dynamisme entrepreneurial africain.
La grande nouveauté, pour 2024, est le lancement de soixante-dix podcasts vidéo captivants. Complémentaires à la brochure, ces podcasts mettent en avant les meilleures startups du continent et les investisseurs éclairés. Cette initiative offre une opportunité unique d'échanger des histoires inspirantes, offrant ainsi un aperçu authentique et précieux de l'entrepreneuriat en Afrique.
Quel est le principe et les objectifs du palmarès MyAfricanStartup 100 ?
Tout d' abord, je tiens a préciser que le palmarès est un brochure de 100 pages et non un classement hiérarchique. De plus, nous ne lançons jamais d'appels à candidature.
Le palmarès des 100 startups africaines est une initiative visant à mettre en avant l'innovation et la diversité du paysage entrepreneurial sur le continent africain. Il offre une plateforme cruciale pour promouvoir les startups, attirer l'attention des investisseurs et favoriser la croissance économique des entreprises.
Une des principales motivations de ce palmarès est de fournir une visibilité aux startups africaines. En les mettant en lumière, l'initiative cherche à créer des opportunités d'investissement, à stimuler le réseautage, et à favoriser des collaborations fructueuses entre ces entreprises et d'autres acteurs de l'écosystème.
Concernant les investisseurs, le palmarès facilite la mise en relation entre les startups africaines et les investisseurs, offrant un éventail diversifié d'opportunités d'investissement. Cela contribue à renforcer la confiance des investisseurs nationaux et internationaux dans le potentiel et la qualité des entreprises africaines.
Comment ce palmarès impacte l’écosystème des startups africaines ?
En servant de baromètre pour évaluer l'évolution du secteur en Afrique, le palmarès identifie les tendances émergentes, encourageant ainsi les politiques publiques favorables à l'entrepreneuriat. Il contribue également à renforcer la réputation de l'Afrique en tant que hub d'innovation dynamique. Au-delà de la reconnaissance, le palmarès inspire la prochaine génération d'entrepreneurs en mettant en avant des histoires de réussite et en démontrant les nombreuses opportunités existantes sur le continent. Cela joue un rôle éducatif crucial pour encourager davantage d'initiatives entrepreneuriales.
Cela attire aussi l'attention internationale sur les opportunités d'investissement et de partenariat en Afrique et contribue au renforcement des liens internationaux. Le palmarès positionne le continent comme un acteur majeur dans l'innovation, contribuant ainsi au développement économique régional et mondial. Le palmarès des 100 startups africaines agit comme un catalyseur pour la croissance économique, stimule l'innovation, renforce la confiance des investisseurs, éduque et inspire.
“Notre approche se distingue pas notre engagement envers la diversité”
Vous venez de révéler l’édition 2023 de ce palmarès. A quoi ressemble ce cru ?
D’abord, on relève une certaine diversité géographique. Les startups les plus innovantes d'Afrique proviennent de 20 pays différents. Cependant, certains pays se démarquent comme le Kenya, en tête avec 22 startups, suivi du Nigeria qui en compte 21. On note aussi une certaine concentration par région. Le Kenya, le Nigeria, l’Afrique du Sud, et l'Égypte représentent 60% des startups. L'Égypte fait une percée fulgurante cette année avec 4 fois plus de startups en 3 ans.
Il faut dire aussi que l’espace francophone africain n’est pas absent. Parmi les 20 pays, 7 sont francophones, le Sénégal est en tête, en 4ème position, avec 8 startups. Ensuite, les femmes restent sous-représentées. Seulement 36% des startups ont une femme fondatrice ou co-fondatrice. Par ailleurs, certains secteurs tirent davantage leur épingle du jeu. Les secteurs fintech, logistique et transport, et e-commerce représentent près de 50% des startups. Les secteurs de la santé (7%), de l'éducation (5%), et de l'agriculture (4%) connaissent également une croissance significative.
Enfin, on remarque que 25% des startups ont levé moins de un million de dollars. La plus petite levée de fonds était de 50 000 dollars.
Sur quels critères est établi le classement ?
La sélection des startups pour le palmarès MyAfricanStartup repose sur des critères extrêmement pertinents, essentiellement extra financiers et spécifiques. Nous accordons une importance primordiale à la preuve avérée du concept, une équipe solide, un degré élevé d'innovation, et la scalabilité de l'offre proposée.
Nos critères de sélection incluent l’innovation, le potentiel de marché, l'expérience et les compétences des membres fondateurs. Nous accordons aussi de l’importance à l'approche novatrice de la startup pour résoudre des problèmes existants ou exploiter des opportunités et sa capacité de résoudre des problèmes spécifiquement africains à grande échelle. Mais aussi, la viabilité économique.
Notre approche se distingue pas notre engagement envers la diversité, que ce soit en termes de genre, de géographie ou d'autres critères inclusifs. Par exemple, nous veillons à ce qu'aucune aire géographique ou linguistique ne prédomine, nous limitons la part des startups issues de pays anglophones, promouvons la participation des femmes, et encourageons la diversité sectorielle. Nous accueillons des entreprises de tailles différentes, des jeunes pousses aux sociétés plus matures, démontrant ainsi que la trajectoire vers le succès est possible à chaque étape du parcours, de l'amorçage jusqu'à la série B, sans imposer de critères de chiffre d'affaires.
“L'Afrique, un terrain propice pour des startups innovantes”
Que nous apprend ce palmarès 2023 sur les startups africaines ?
Le palmarès Myafricanstartup se révèle comme une mine d'informations stratégiques, offrant des informations riches pour les observateurs, investisseurs , médias, et entrepreneurs. Il permet d’analyser la dynamique sectorielle des startups en Afrique et offre un éclairage sur l'évolution des besoins du marché et les opportunités émergentes. La répartition géographique des startups primées met en lumière les régions ou pays émergent comme des foyers d'innovation, offrant des insights précieux sur les écosystèmes startup locaux propices à l'émergence d'entreprises novatrices.
La comparaison avec des palmarès successifs permet d'observer les évolutions au fil du temps, d’identifier les secteurs en croissance, les transformations des modèles d'entreprise, et l'impact des évolutions économiques et technologiques. Par ailleurs, les startups distinguées fournissent un aperçu des dernières innovations et des approches créatives pour résoudre des problèmes. On note aussi une certaine diversité entrepreneuriale, que ce soit en termes de genre, d'origine ethnique, ou d'horizons divers, qui reflète les efforts pour promouvoir l'inclusivité et l'égalité des chances dans l'écosystème.
promouvoir l'inclusivité et l'égalité des chances dans l'écosystème.
Enfin, l'analyse des montants levés et des sources de financement prédominantes offre des indications cruciales sur la santé financière globale de l'écosystème startup, mettant en évidence les modèles économiques qui s'avèrent fructueux.
Le palmarès Myafricanstartup de startups transcende la simple reconnaissance en fournissant une perspective holistique de l'innovation, des tendances, et des acteurs clés qui façonnent l'avenir entrepreneurial. C'est une fenêtre inestimable pour comprendre les dynamiques de cet écosystème en constante évolution.
Votre analyse sur les perspectives à venir concernant l’écosystème tech panafricain :
Que nous réserve l’année 2024 ?
L'Afrique émerge depuis longtemps comme un terrain propice pour des startups innovantes. À l'approche de 2024, le paysage des startups sur le continent a été marqué par une persistance des levées de fonds témoignant de l'esprit dynamique et résilient de l'entrepreneuriat africain.
En 2023, l'écosystème africain du capital-risque a fait face à des défis économiques mondiaux. Les Occidentaux demeurent certes prudents à l' échelle internationale , mais la croissance fondamentale de l'Afrique reste attrayante.
Nos conseils pour les entrepreneurs en 2024 : Malgré un environnement de levée de fonds difficile, se concentrer sur les fondamentaux, conserver du cash, et attirer l'investissement avec des modèles capitalistiques efficaces.
Je pense que le Kenya et la tech climatique sont des environnements à surveiller et prometteurs. On peut aussi souligner l'importance de la bonne gouvernance pour les entreprises du palmarès, et des entreprises axées sur le client. Nos entrepreneurs sont reconnus comme des "superhéros" dans un contexte difficile.
Concernant les conditions macroéconomiques, malgré des défis économiques, des opportunités persistent pour les entreprises résilientes répondant à une demande latente. L'écosystème africain du financement a démontré sa résilience en cherchant des opportunités dans des secteurs clés.