Pourquoi avoir édité un ouvrage avec les portraits de neuf startuppeurs africains et leur innovation technologique ?
Le livre African Digital Champions 2023 met en lumière les parcours impressionnants et les réussites de plusieurs startups africaines innovantes, dirigées par des femmes et des hommes inspirants. La plupart sont issus des Orange Digital Center (ODC), des centres d’accompagnement. L’ambition est de valoriser ces réussites, d’en faire des rôles-modèles pour qu’ils inspirent la jeunesse et donnent de l’espoir à ceux qui sont déjà dans un processus d'entrepreneuriat. Quand on referme la dernière page du livre, on a envie de monter sa startup ! (Rires). Ce qui me fascine, c'est que tous ont eu à cœur d'apporter des solutions concrètes pour améliorer la vie des gens. Par ailleurs, ils ont en commun de s’appuyer tous sur le digital.
Pouvez-vous nous citer des exemples ?
Je pense à Kumulus, créé par le Tunisien Iheb Triki. Sa startup produit des machines, de la taille d’un mini-réfrigérateur, qui peuvent produire 30 litres d’eau potable par jour en utilisant comme seules ressources, l’énergie solaire et l’humidité de l’air. Ou encore Brastorne, co-fondé en 2013 par Martin Stimela et Naledi Magowe, deux entrepreneurs du Botswana qui développent la solution mAgri. Leur innovation permet aux agriculteurs d’avoir accès via un code USSD (Unstructured Supplementary Service Data) sur leur téléphone mobile à des informations sur la météo et les marchés, mais aussi à différents services et in fine à de nouvelles opportunités. Je peux aussi citer Bamba Lo qui a fondé en 2016, la startup Paps. Il s’agit au départ d’une application de livraison à la demande, devenue, au fil du temps, une solution de bout en bout pour tous les besoins en transport et en logistique (Fret, messagerie, entreposage…) au Sénégal, avec des offres conçues pour les entreprises. Ce ne sont que quelques exemples. Ils sont tous talentueux avec des inventions pour la gestion des rendez-vous médicaux, l’éducation digitale ou le développement de solutions d’intelligence artificielle (IA).
Le livre est aussi une sorte de cartographie de l'écosystème tech africain. Comment le résumer ?
Ce qui est notable c’est que le continent ne souffre pas d’un déficit de compétences, bien au contraire. Ce qui pêche souvent, c’est la création d’un environnement qui permet aux idées de s’épanouir. Notre principal enseignement, après avoir accompagné plus de deux cents startups, c’est qu’avec le bon écosystème, les chances de succès sont multipliées par cinq ou dix. Le besoin de formation est aussi souvent exprimé par les entrepreneurs. Là aussi, nous sommes très fiers d’avoir passé le cap symbolique du million de bénéficiaires des écoles du code, centres à vocation technologique. Les besoins en formation se font de plus en plus pressants pour le codage, l’intelligence artificielle, la cybersécurité… Autant de sujets au cœur de la transformation digitale du continent. Au-delà du financement, c’est ce que nous cherchons à faire avec nos ODC. Enfin, on note une grande avancée dans la connectivité qu'elle soit fixe ou mobile. C’est notre cœur de métier et le catalyseur de beaucoup de startups.
Les Orange Digital Center (ODC) participent à la promotion du groupe sur le continent. Comment fonctionnent-ils ?
Le premier Orange Digital Center a vu le jour il y a 13 ans en Tunisie. L’initiative s’est depuis étendue à tous les pays de l'empreinte Orange - 17 pays en Afrique et Moyen-Orient mais également dans 8 pays en Europe - pour former un réseau de vingt-cinq ODC qui permettent un échange d’expérience et d’expertise entre les deux continents. Concrètement, les centres comprennent une école du code, un atelier de fabrication numérique, FabLab Solidaire, un accélérateur de startup, Orange Fab, ainsi qu’une représentation d’Orange Ventures, un fonds d'investissement. La force des ODC réside dans le fait qu'il s'agit de structures physiques, dotées d’équipements technologiques dernier cri, qui accompagnent les jeunes sur toute la chaîne de valeur, de l’innovation à l’entrepreneuriat. Les premiers centres ont été mis en place dans les capitales. Mais, on se rend compte que le besoin est énorme dans les provinces. Ainsi, des “ODC Club” verront bientôt le jour au sein d’universités régionales pour être au plus près des jeunes.
Ces réussites, citées dans le livre, ne sont-elles pas aussi un peu celles d’Orange ?
Oui, la valorisation de ces succès s’inscrit naturellement dans la continuité de notre travail de terrain depuis une quinzaine d’années, au moment où Orange avait lancé, dans les pays où nous sommes présents, les premiers ODC, des incubateurs, des accélérateurs de startups, l’école du code, les fablabs. D'autres dispositifs ont vu le jour depuis comme le POESAM (le Prix Orange de l'Entrepreneur social en Afrique et au Moyen-Orient) qui récompense les startups à impact. Et puis, nous avons un fonds d’investissement, le fonds Orange Ventures, d’un montant de 50 millions d’euros qui utilise le vivier des ODC pour trouver des startups à accompagner. Pour faire le bilan et donner quelques chiffres, un million de personnes ont bénéficié des activités des ODC. En 2023, 72 000 jeunes ont été formés dont 55% de femmes. 226 startups ont été accompagnées jusqu’à l’aboutissement de leur activité et la signature de contrats commerciaux avec Orange ou l’un de ses partenaires au niveau local ou international. Ajoutons que vingt startups ont bénéficié de financements par Orange Ventures, en Afrique et au Moyen-Orient.