La raison d’être d’Impact Lab : encourager les entreprises et les services publics à se mettre au numérique et aider les jeunes startups à se développer. Cette initiative est portée par la Marocaine Salma Kabbaj. “Depuis 2015, Impact Lab se positionne comme un accélérateur africain d’innovation. Notre mission est de promouvoir le déploiement de modèles innovants africains pour répondre aux défis socio-économiques du continent. Nous offrons des prestations de service de conseils en innovation pour les entreprises et les institutions publiques en favorisant les synergies avec les startups pour faire émerger de nouvelles solutions, de nouveaux modèles et les porter à plus grande échelle” explique Salma Kabbaj.
Une ambition qui nécessite un travail de sensibilisation au préalable. “Faire travailler les entreprises traditionnelles avec les startups demande un travail de fond parce que, même si elles en ont la volonté, les process, le mindset n’est pas adapté. On leur apporte donc un soutien pour préparer leur environnement interne à collaborer avec ces jeunes pousses innovantes.”
Des réussites dans la healthtech et l’agritech
Pour ce faire, Impact Lab participe à différents programmes dont Investing in Innovation (i3). Financé par la Fondation Bill & Melinda Gates, et parrainé par Cencora, Merck Sharp & Dohme (MSD), Microsoft et Chemonics, ce programme panafricain investit dans les startups africaines les plus prometteuses, en phase de démarrage ou de croissance, évoluant dans la distribution des produits de soins de santé. Il a déjà accompagné plus de 240 startups dans dix-huit pays africains.
Pour sa deuxième édition, vingt-neuf startups ont été choisies dans dix pays africains. Particulièrement, 38% de ces startups sont dirigées par des femmes, et 17% sont actives au sein de l'Afrique francophone. Les startups sélectionnées ont reçu une subvention de 50 000 dollars ainsi qu'un accès à des opportunités de marché pouvant favoriser des partenariats, avec des donateurs de premier plan et des acteurs industriels et institutionnels, pour leur permettre de passer à l’échelle supérieure.
Elles ont également pu participer à l'événement annuel Access to Market du programme i3, qui s'est déroulé à Nairobi les 14 et 15 novembre derniers. Cet événement génère des partenariats dynamiques entre les acteurs de l'industrie, les gouvernements, les donateurs et les grandes agences multilatérales. Le but est de favoriser la valorisation et le développement des startups par le biais de contrats, de projets pilotes et d'investissements mutuellement bénéfiques.
Les premières entreprises, au nombre de trente-et-une, ayant bénéficié du soutien du programme i3 l'année dernière ont conclu vingt-quatre contrats, projets pilotes et partenariats stratégiques, et permis de belles réussites entrepreneuriales.
Parmi celles-ci, Deepecho, créée en 2021, au Maroc, propose une solution d’intelligence artificielle et plus précisément d’apprentissage profond, qui reproduit les mécanismes du cerveau humain, pour améliorer les résultats d’échographie prénatale. Deepecho permet la réduction de la mortalité infantile et maternelle, causée par des erreurs médicales. 80% d’entre elles concernent les mesures et la principale cause de mortalité infantile est le retard de la croissance intra-utérin. Deepecho travaille sur la biométrie fœtale pour résoudre ce problème et améliorer le diagnostic. Après leur phase pilote, l’entreprise compte accélérer son développement commercial au Maroc et dans d'autres pays africains. “Ils ont même été publiés dans la revue scientifique Nature. Lors de leur première levée de fonds, ils ont réuni six millions de dirhams, soit 600 000 dollars” précise Salma Kabbaj
Launchpad Agritech, un nouveau programme d’accélération
Sand To Green, startup franco-marocaine, incubée dans le cadre du programme AgriTech4Morocco, en 2022, a pour ambition de verdir le désert. Installée au Sud du Maroc, co-fondée par une jeune marocaine agronome, originaire de cette région, Wissal Ben Moussa, l’entreprise base son modèle sur l’agroforesterie. “Suite à l’accompagnement d’Impact Lab, qui leur a permis de gagner en visibilité, l’entreprise a levé un million de dollars, grâce auquel elle va développer une deuxième exploitation et démontrer que son modèle est industrialisable”. L’ambition, une implantation de cinq cents hectares, sous forme de franchises.
Autre réussite, Meditech, en Côte d’Ivoire, a développé une solution qui permet de vérifier l’authenticité des médicaments. “Après un départ très fort, ils sont aujourd’hui positionnés pour construire une plateforme qui permet de connecter les pharmaciens, les laboratoires, digitaliser les informations et la distribution de médicaments, et surtout générer suffisamment de données pour identifier les besoins à combler” commente Salma Kabbaj.
En attendant, Impact Lab a inauguré le programme d’accélération, Launchpad Agritech, dédié aux startups qui exercent dans le domaine agricole. Cette initiative, financée grâce à l’assistance technique du fonds d’investissement luxembourgeois Sanad, gérée par Finance in Motion, et réalisée en partenariat avec des acteurs du secteur agro-alimentaire Domseeds, Lesieur Cristal et Sipra, vise à catalyser l'innovation dans le secteur agricole au Maghreb et en Afrique francophone et à relever les défis clés auxquels font face les entreprises du secteur. Les treize startups sélectionnées, originaires du Maroc, de Tunisie et de Côte d’Ivoire répondent à cinq critères définis avec les partenaires du programme : la maîtrise des ressources hydriques, l’optimisation de l’usage des intrants, l’estimation des rendements, la gestion du matériel agricole et le suivi des élevages avicoles. Conditions pour que ces startups renforcent leur impact.