Co-organisée par le Forum mondial sur la cyber-expertise, le Cyber Peace Institute, la Banque mondiale et le Forum économique mondial, la première conférence sur le renforcement des capacités cybernétiques (GC3B) se tiendra les 29 et 30 novembre prochain dans la capitale ghanéenne, Accra. Réunissant décideurs, experts et praticiens, elle a pour but de catalyser les bonnes pratiques et de sensibiliser les acteurs politiques à l’importance de disposer de l'expertise, des connaissances et des compétences nécessaires pour investir dans l’avenir numérique de leur pays.
La GC3B sera aussi l’occasion d'encourager les Etats à travailler ensemble pour renforcer leurs capacités et garantir un monde numérique libre, ouvert et sûr. Le point culminant de la GC3B sera l'annonce de la déclaration d'Accra : un cadre mondial avec des actions concrètes pour aider les pays à renforcer leur cyber-résilience. Il n’est pas étonnant que cette première conférence mondiale se tienne en Afrique. Depuis quelques temps, la lutte contre la cybercriminalité est devenue une préoccupation pour de nombreux dirigeants et chefs d’entreprise.
Promouvoir une plus grande transparence dans le secteur de la cybersécurité
Ainsi, récemment, Kigali, la capitale rwandaise, a accueilli elle aussi un événement majeur autour de la cybersécurité, le Forum africain de cyberdéfense (ACDF). A cette occasion, le leader mondial de la sécurité informatique, Kaspersky, a annoncé l'inauguration de son premier centre de transparence dans la région africaine. Ce centre est un site dédié à la vérification du code source, des mises à jour logicielles, des règles de détection des menaces et d’autres processus techniques et commerciaux de l'entreprise. Situé dans la capitale rwandaise, il s'inscrit dans le cadre de l'initiative mondiale de Kaspersky pour la transparence, qui vise à mettre en avant la fiabilité des solutions de la société et à promouvoir une plus grande clarté dans le secteur de la cybersécurité.
“Ce nouveau centre offre aux visiteurs une compréhension approfondie des pratiques d'ingénierie et de traitement des données de Kaspersky, ainsi qu'une démonstration en direct du code source de ses produits et services” ont expliqué à cette occasion les organisateurs.
Le centre de transparence de Kigali est accessible aux partenaires et aux clients de Kaspersky, ainsi qu'aux organismes de réglementation qui supervisent la cybersécurité. Parmi les modes d’examen proposés, l'option "piste bleue", qui consiste en un examen rapide du code source et des solutions de l’entreprise, connaît une certaine popularité depuis l'inauguration du premier centre en 2018, à Zurich, en Suisse.
La société Kaspersky n’est pas la seule à implanter de tels sites sur le continent. Le groupe français Thales a inauguré son sixième centre opérationnel de cybersécurité (SOC),l’année dernière, au Maroc. Il permet à ses utilisateurs de bénéficier d’une protection en temps réel contre les cyberattaques sur l’ensemble du continent africain.
Pour améliorer sa résilience aux cyberattaques, l’Afrique doit investir environ 4,2 milliards de dollars par an
Ces initiatives illustrent la prise de conscience par les Africains de la menace, bien réelle. En effet, avec l’évolution de la pénétration d’internet -l'accès au haut débit étant passé de 26 % en 2019 à 36 % en 2022, selon les données de la Banque mondiale-, la cybercriminalité s’est développée sur le continent. Selon Global security mag, “au premier trimestre 2023, l’Afrique a enregistré le plus grand nombre de cyberattaques hebdomadaires par entreprise, avec 1 983 attaques en moyenne”. Afin d’améliorer sa résilience à ces attaques et menaces, le continent doit mobiliser environ 4,2 milliards de dollars par an d'investissements supplémentaires, selon un rapport du cabinet américain de conseil en stratégie Kearney. Ce montant représente environ 0,25% du PIB cumulé du continent.
Face à ces enjeux, l’Union africaine, qui a elle-même subi une cyberattaque en mars 2023, a élaboré une stratégie de transformation numérique. Elle vise à l’autonomie numérique des individus en Afrique à l’horizon 2030. Cela augure une période de digitalisation sans limite qui présente à la fois des opportunités et des risques. L'ouverture du nouveau Centre de transparence à Kigali a été applaudie par le Mécanisme de l'Union africaine pour la coopération policière (AFRIPOL). La création de ce centre de transparence s'inscrit aussi dans le cadre de l'évolution du paysage numérique et des efforts visant à garantir la sécurité pour tous au sein du cyberespace africain. Une raison de plus pour l’entreprise russe Kaspersky de se mobiliser pour la transparence et contre la cybercriminalité, en soulignant leur lien de cause à effet.