Un des plus gros évènements, sinon le plus gros, dédiés à la technologie, l’Africa Tech festival est le lieu où l'innovation et l'inspiration se mettent au service de l'avenir de l'industrie technologique africaine. Il se tient cette année du 13 au 16 novembre 2023, au Cap. Pendant une semaine, acteurs de tous bords se retrouveront pour réfléchir ensemble, évaluer, évoluer sur plusieurs sujets. Parmi eux, les industries culturelles créatives. Un secteur de plus en plus dynamique avec beaucoup d’opportunités, même si des défis importants sont à relever pour de meilleures performances. Le Secrétaire général des Nations Unies Antonio Gutierres, l’a d’ailleurs rappelé lors de la rencontre inaugurale de l'Initiative mondiale des entreprises africaines en septembre dernier à New York. Pour lui, « le moment est venu de reconnaître l'émergence des industries créatives et culturelles africaines sur la scène mondiale ». Englobant l'architecture, les livres, la presse, l'audiovisuel, la radio, la publicité, les jeux vidéo, la musique, les arts du spectacle et les arts visuels…les ICC mondiales représentaient jusqu’à un passé récent, un marché de près 1,1 trillion de dollars et l’Afrique n’y représente qu’environ 1%. La raison, selon Aly Fall, un des piliers des cultures urbaines au Sénégal, c’est que la plupart du temps, les industries culturelles et créatives sont dans l'informel et ne prennent que très peu en compte les vrais enjeux économiques.
Un marché qui génère 2 300 milliards de dollars US
Même embryonnaire dans certains pays, le secteur des industries culturelles et créatives reste un marché à très fort potentiel. D’après le Dr Nicolas Ozor, Directeur exécutif du réseau africain d’études en politiques technologiques, les ICC génèrent un revenu mondial de 2 300 milliards de dollars US et emploient 30 millions de personnes. Mais dans ce chiffre impressionnant, l’Afrique ne contribue qu’à hauteur de 4,2 milliards de dollars US et 2,4 millions d’emplois sur le continent. D’où l’importance à ses yeux, d’encourager les partenariats publics et privés pour renforcer les capacités humaines, investir dans les infrastructures, comme les logiciels…Ayant compris que les ICC avaient un gros potentiel, la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank), a dégagé une enveloppe de 500 millions de dollars US pour soutenir la production et le commerce des produits culturels et créatifs africains. Selon son Président, le Professeur Benedict Oramah, les ICC sont reconnues comme un contributeur significatif au produit intérieur brut de l’Afrique et que l’industrie contribue aujourd’hui à la croissance économique en favorisant des sociétés plus inclusives, connectées et collaboratives. « Les industries créatives peuvent être des véhicules puissants pour des stratégies de croissance plus équitables, durables et inclusives pour les économies africaines », a-t-il dit.
La technologie pour doper le secteur
Selon des spécialistes, l’implication de la technologie dans le développement des industries culturelles et créatives (ICC) serait un réel atout. Par exemple, disent-ils, outre le cinéma, avec l’innovation technologique, l’industrie des jeux vidéo est en train de connaître un vrai boom. En effet, cette industrie devrait croître de 12 % entre 2020 et 2025. C’est pourquoi de plus en plus, on parle d’ICC numériques. A côté, la vente électronique d’œuvres d’art de plus en plus plébiscité a fait que les acteurs parlent désormais d'industries créatives numériques. Pour Rasha Negm, vice-gouverneur adjoint de la Banque centrale d’Égypte, les ICC peuvent profiter de la transformation qu’est en train de vivre le monde de la technologie financière de nouvelles solutions créatives. Aujourd’hui, dit-elle, plusieurs consommateurs utilisent leur téléphone pour faire du commerce en ligne et le fait que la numérisation produise des solutions aussi simples est valorisant pour les jeunes et devrait profiter aux ICC. « Grâce au numérique, le secteur culturel et créatif dispose d'un accélérateur pour favoriser la création d'opportunités économiques », a-t-elle indiqué.
En Côte d’Ivoire, les ICC mobilisent 8% de la population active et génèrent plus de 4% du PIB avec des secteurs comme le cinéma, le jeu vidéo, l’animation, l’édition…