Les satellites constituent une économie forte. La preuve par les chiffres. Ils sont fournis par le docteur Tidiane Ouattara, qui a représenté la Commission de l’Union africaine au dialogue spatial ouvert le 25 octobre à Dakar.
« L’industrie spatiale africaine est évaluée en 2022, à près de 20 milliards de dollars et emploie plus de 18 mille personnes. En 2023, environ 45 satellites ont été lancés par les Etats africains, sur un objectif de plus de 160, prochainement », a-t-il dit. Un marché et une dynamique réelle, aussi bien en Afrique que dans le monde. Selon le Premier ministre sénégalais Amadou Bâ qui présidait la rencontre, « les ressources financières générées par le secteur spatial en 2022 sont estimées à 424 milliards de dollars ».
Selon des informations, plus de 81 projets d’application spatiale sont actuellement mis en œuvre dans tout le continent dans les domaines de l’observation de la terre et des communications par satellite, 221 entreprises spatiales et navales dans 31 pays utilisent les technologies d’observation de la terre. Dans cette dynamique, un pays comme le Rwanda a déjà fait d’importants progrès avec le lancement d’Icyerekezo, un satellite mondial.
Une infrastructure adossée à la conception de programmes consistant à former des étudiants aux technologies spatiales. Pour la ministre des TIC et de l'Innovation du Rwanda, Paula Ingabire, le choix d’investir dans les technologies spatiales s’inscrit dans la volonté de réduire la fracture numérique en offrant des opportunités numériques égales aux communautés rurales et isolées.
Le Sénégal compte lancer une sonde lunaire à l’horizon 2030
Le Sénégal compte bien profiter de l’industrie spatiale. Selon Maram Kaïré, Directeur Agence sénégalaise d’études spatiales, le pays travaille à lancer une sonde lunaire. Il indique que 70% de l’économie spatiale concerne les services à valeur ajoutée.
Le Sénégal compte bien profiter de l'industrie spatiale. Selon Maram Kaïré, directeur de l'agence sénégalaise d'études spatiales (ASE), le pays travaille à lancer une sonde lunaire. Il indique que 70% de l'économie spatiale concern2 Et le Sénégal va se positionner dans ce créneau en mettant en place un écosystème hybride entre le numérique et le spatial pour faire travailler les entreprises. « Nous comptons d’ici 2030, faire une sonde lunaire. C’est ce qui permet de tirer le plein potentiel de l’économie qu’il y a derrière le satellite. L’Inde l’a fait, pourquoi pas nous », indique-t-il. Selon lui, il y a quelques années, les satellites étaient une affaire de pays développés. « On ne peut pas rester à faire que des satellites en orbite autour de la terre. Il faut se donner des défis plus éloignés. C’est ce qui permet de développer toute une industrie du spatial avec des startups qui vont travailler autour, le tout pour développer l’économie du spatial », a-t-il indiqué.
52 satellites africains placés sur orbite en 2022
C’est à croire que les pays africains ont pris conscience des opportunités offertes par les satellites. En 2022, 52 satellites ont été placés en orbite. L’Afrique du Sud avec 12 satellites dirige le peloton. Suivi de l’Égypte avec 10 satellites. L’Algérie 6, comme le Nigeria devancent le Maroc 3 et l’Ethiopie 2.
Quelle valeur ajoutée pour les économies africaines? Pour Sékou Ouedraogo, fondateur de l’African Aeronautics & Space Organisation (AASO), « dans le domaine agricole, un satellite peut permettre le suivi des cultures, la prévision de récoltes, la gestion de l’eau. Dans le domaine des télécommunications, il peut bénéficier aux zones blanches, c'est-à-dire dépourvues de réseaux. Dans le domaine de l'éducation, il peut rendre possible la tenue de cours à distance dans les territoires où il n’existe pas d’université ». Dans le domaine médical, poursuit-il, les satellites permettent d’envisager la télémédecine, qui a par exemple aidé Madagascar dans sa lutte contre le Sida, ils peuvent également permettre la gestion des cadastres, notamment quand il s’agit de particulariser un lopin de terre. Pour mieux harmoniser les initiatives et tirer le maximum de profits,le Directeur de l’agence sénégalaise d’études spatiales (Ases) Maram Kaïré appelle à la constitution d’un point de vue africain, élaboré à partir des intérêts du continent et de son avenir, en particulier de ses relations avec le reste du monde. C’est dans ce sens que l’Agence spatiale africaine a été créée, sous l’égide de l’Union africaine, avec comme objectif de « développer la coordination des politiques spatiales des États membres ».