1,5 milliards de dollars. C’est la valeur du marché de l’enseignement à distance en Afrique d’ici 2030, d’après le cabinet conseil Ambient Insight. Des chiffres qui en disent long sur le potentiel. En Afrique, même si des défis sont à relever comme l’accès à internet dans certaines zones, on s’accorde à reconnaître que le e-learning est clairement l’avenir de l’éducation. Tant par la flexibilité qu’elle permet d’avoir, que par la possibilité de proposer des offres plus modernes aux apprenants.
Rebecca Stromeyer PDG et fondatrice d'e-Learning Africa joue elle sa partition avec e-learning Africa Academy. Après le succès des deux premières séries et en raison de la forte demande, elle vient de lancer un cours en cinq modules. La présentation des différents cours en dit beaucoup sur la pertinence. Le module initial, explique-t-elle. Dispensés par des experts aguerris comme Ferhana Dostmohamed, consultante senior en apprentissage et développement des talents, les cours sont variés. Par exemple, certains modules, explique Rebecca Stromeyer « aide les organisations à naviguer dans les transformations, de l'élaboration de stratégies au perfectionnement de la main-d'œuvre, en passant par la fourniture d'un soutien guidé pour une mise en œuvre fluide des technologies, à la création de contenu organisé pour le numérique et autres ».
« Le marché africain des technologies éducatives connaît une croissance très rapide »
Si du chemin reste à faire, la prise de conscience, elle, est réelle. Selon Rebecca Stromeyer, « le marché africain des technologies éducatives connaît une croissance très rapide. Les entreprises en voient le potentiel, alors que dirigeants politiques et responsables de planification savent que les avancées technologiques ont créé une possibilité historique d’assurer une croissance économique durable et permanente ». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a consacré la dernière édition de sa conférence annuelle, tenue à Dakar en mai 2023, à l’innovation et l’IA qui, selon elle, marquent un moment de transformation dans l’éducation africaine. « C’est l’ère de nouvelles solutions, méthodes de résolution de problèmes. Il s’agit de repenser l’autonomisation des personnes et leur faciliter l’acquisition de compétences dont elles ont besoin ».
Initiatives multiples
Aujourd’hui la mayonnaise semble avoir pris à tel point que des initiatives continuent de naître un peu partout. C’est le cas du projet Africa digital campus, co-construit par l’IRD. En plus de la scénarisation, la conception et l’implémentation de cours en ligne, puis sur l’évaluation des apprentissages à distance, les enseignants-chercheurs travaillent par exemple à la mise en place d’une communauté africaine du numérique éducatif.
Au Sénégal, pour répondre à la forte demande, l’Etat a lancé l’université virtuelle du Sénégal. Elle est devenue, selon ses responsables, la première université publique entièrement numérique en Afrique francophone subsaharienne et la deuxième en termes d’effectifs au Sénégal. Par ailleurs, à l’occasion des crises politiques qui ont secoué le pays au mois de juin, les universités publiques sénégalaises ont été contraintes de fermer. L’enseignement en ligne a permis de combler le gap. Au Maroc, grâce à des prix relativement moins chers et à l’accessibilité à internet, l’enseignement en ligne connaît un large succès. Aujourd’hui, plus de 110 000 ressources numériques sont désormais disponibles sur toutes les plateformes universitaires. Mieux, depuis le lancement de la formation à distance, 3 000 ressources numérisées ont été créées et l’utilisation de la plateforme a atteint 600 000 par jour, alors que le pays ne dispose pas d’universités virtuelles.