Les résultats du sondage publiés par eLearning Africa et EdTech Hub démontrent que de nombreux éducateurs africains sont optimistes quant à l'avenir. Pour eux, la pandémie de Covid-19 a été une « sonnette d'alarme » qui va encourager un recours accru à l'apprentissage mixte et aux nouvelles formes d’enseignement et de formation assistés par les technologies dans les écoles, collèges et universités d'Afrique.
Intitulé « Impact de la pandémie de Covid-19 sur l’éducation en Afrique », le sondage se fonde sur des entretiens avec plus de 1 600 professionnels de l'éducation et des technologies répartis sur le continent, à qui il a été demandé de décrire leurs expériences de la crise de Covid-19 et ses implications. 85% des personnes interrogées pensent que l'utilisation des technologies sera plus répandue en raison de la crise. Ce qui confirme une conviction déjà inscrite à l'agenda de l'Union africaine, à savoir, les technologies sont considérées comme la clé de l'expansion rapide de l'éducation et, donc, de la future croissance économique du continent.
« Ce contexte stimule la créativité, fait naître de nouvelles idées et opportunités et contribue à l'évolution »
Isso, enseignant au Burkina Faso, une des personnes sondées, estime que les défis liés à la crise actuelle contribueront précisément à créer plus tard des avantages réels et durables : « Alors que la pandémie de Covid-19 devient un défi mondial sans aucune solution adéquate, chacun participe à la recherche de solutions de survie individuelle. Ce contexte stimule la créativité, fait naître de nouvelles idées et opportunités et contribue à l’évolution ».
Sissu, expert zimbabwéen en planification stratégique, va plus loin. Selon lui, « cette pandémie offre l’occasion d’enclencher une évolution à long terme du système éducatif ».
Élargissement de la fracture numérique et accroissement des inégalités
Toutefois, le sondage a également révélé la grande inquiétude liée à l’élargissement de la fracture numérique et à l’accroissement des inégalités entre apprenants, du fait de l’accès inéquitable aux technologies. De l’avis des répondants, les apprenants vivant dans des communautés rurales sont les plus susceptibles d’être désavantagés par l’inaccessibilité aux technologies. Ils estiment que la question de la connectivité, en particulier l’inaccessibilité à une connexion internet disponible et abordable, constitue le plus grand obstacle au développement d’un apprentissage davantage assisté par les technologies.
Globalement, les répondants font état de fermetures d’établissements scolaires à travers l’Afrique : si 95% indiquent que tous les établissements de leurs pays ont été contraints de fermer et, malgré les conséquences négatives de ces fermetures, 92% jugent qu’elles étaient essentielles. Toutefois, le sondage révèle que la plupart des éducateurs n’ont reçu aucun appui financier ni des outils permettant d’assurer la continuité des enseignements pendant la crise, et ils estiment n’avoir pas été suffisamment préparés pour s’adapter aux exigences liées à l’apprentissage à distance.
En outre, le sondage met en lumière l’efficacité de diverses technologies à différents niveaux, la télévision et la radio étant perçues comme adaptées au niveau primaire, tandis que l’apprentissage en ligne est efficace au secondaire.
Pour Rebecca STROMEYER, Directrice d’eLearning Africa, le sondage a mis en exergue « de nombreuses données attestant de l’ingéniosité et de l’innovation à tous les niveaux dont ont fait preuve plusieurs pays » en réponse à la crise.
Des leçons ont été tirées de cette crise et l'on réalise désormais l'importance des technologies pour l'éducation.
« La crise a constitué un véritable défi pour l’Afrique, mais n’a globalement pas été aussi catastrophique qu’on le prédisait. Les Africains ont utilisé les technologies disponibles pour assurer la continuité de l’enseignement et de l’apprentissage. Des leçons ont été tirées de cette crise et l’on réalise désormais l’importance des technologies pour l’éducation. »
Pour rappel, eLearning Africa est un réseau mondial de professionnels travaillant dans le domaine de l'éducation et de la formation soutenues par les TIC qui se réunit, notamment, à travers une conférence internationale annuelle de trois jours sur l'éducation, la formation et le développement des compétences améliorées par les TIC en Afrique, organisée par Integrated Communications, Worldwide Events (ICWE GmbH). Chaque année, l'événement est organisé et co-organisé par un gouvernement africain différent.
Focus sur 3 solutions « impactantes »
Etudesk
La startup Etudesk, basée à Abidjan construit des plateformes de e-learning sur mesure avec des partenaires variés. Aujourd’hui, Etudesk accompagne une dizaine d’établissements scolaires en Côte d’Ivoire et au Sénégal pour adapter et mettre en ligne leurs contenus pédagogiques dans les meilleurs délais et conditions possibles.
Ces 4 dernières années, plus de 400 organisations (PME, startups, corporates, gouvernement, organisations internationales) ont utilisé la plateforme de e-learning d’Etudesk pour former plus de 50 000 personnes dans 17 pays.
Scientia
La plateforme Scientia, au Gabon, propose d'apporter une solution pour le suivi éducatif en ces temps de confinement et de pandémie. Elle fonctionne sous forme d’une application mobile accessible avec un numéro de téléphone et un mot de passe, qui propose des interfaces différentes en fonction de chaque catégorie d’utilisateur (élève, enseignant, chef d’établissement).
Scientia évalue la qualité de l’enseignement et suggère des améliorations en traitant les données enregistrées dans l’application. Un suivi pluriannuel permet de détecter les lacunes de chaque élève. En dehors du suivi scolaire, les enfants ont également à disposition de nouveaux modes d’apprentissage.
Pour avoir accès à l’application, les établissements scolaires ajoutent 3 000 francs CFA aux frais de scolarité mensuels par élève, soit 4,58 euros répartis entre l’établissement et Scientia. L’entreprise a déjà enregistré plusieurs établissements privés partenaires.
Centre de promotion des TIC
Le Centre de promotion des TIC de Côte d'Ivoire (CPNTIC) a mis en place un système de formation en ligne. Les enseignants y ont produit des cours numériques sous la supervision de l'inspection et des directions centrales du ministère de l'Éducation nationale et de la formation technique et professionnelle.
Un centre d'appel a également été mis en place pour aider les apprenants à utiliser la plateforme. Cette stratégie innovante a permis aux apprenants de se connecter et de télécharger plus de 800 cours en ligne pour poursuivre leur apprentissage, avec une moyenne de 2 000 connexions par jour.
Pour les étudiants, un système de diffusion a été mis en place avec le soutien de l'Université virtuelle d'Abidjan Cocody, en plus des programmes d'enseignement et d'apprentissage alternatifs proposés par les enseignants via Microsoft Teams, couplés à des sous-groupes de cohortes d'apprenants in situ.