L’un des plus gros défis auxquels le monde fait face aujourd’hui est sans nul doute le changement climatique. Les initiatives se multiplient un peu partout, même si le combat est loin d’être gagné. C’est le sens du Fonds de l'économie à faible émission de carbone pour l'Afrique (E3LCEF). Il vient d'atteindre son premier tour de financement à hauteur de 48,1 millions de dollars.
Dans le détail, indique un document, « le fonds de capital-risque de démarrage se concentrera sur l’investissement dans la prochaine génération d’entrepreneurs à faible émission de carbone en Afrique, développant de nouvelles technologies et de nouveaux modèles commerciaux rendus possibles par l’économie à faible émission de carbone. Le fonds investira dans des entreprises en phase de démarrage et détiendra un capital important pour un suivi dans les tours ultérieurs.
Le fonds, logé au Luxembourg mais dont les équipes d’investissement sont basées au Kenya, a été soutenu par KfW, FMO, Sweedfund International et Proparco. Il vise une deuxième et dernière clôture pouvant atteindre $100 millions dans les 12 mois ». Avec cette approche, l’E3LCEF investira dans des entreprises de toute l’Afrique subsaharienne, mais priorité sera faite aux entrepreneurs ayant un ajustement clair entre leur produit et le marché et un fort potentiel commercial dans l’économie à faible émission de carbone. « Le fonds vise à soutenir la prochaine génération d’entreprises innovantes qui auront un impact positif sur le continent », explique le document de présentation.
Nouvelle approche du financement
Parlant du système financier international, le secrétaire général de l'ONU Antonio Gutierres l’a qualifié de « dépassé, injuste et dysfonctionnel ». Un constat qui appelle de nouvelles approches de financement. En effet, alors qu’il dispose d’un potentiel naturel important avec 40% des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine, essentiels pour les batteries et les piles à hydrogène, le continent africain n'a attiré « que » 2% des investissements mondiaux de la transition énergétique pendant la décennie écoulée. Le défi aujourd’hui, selon les dirigeants qui se sont réunis au Sommet de Nairobi, est d’atteindre un investissement de 600 milliards de dollars pour augmenter la capacité de production d'énergies renouvelables de l'Afrique à au moins 300 gigawatts d'ici à 2030.
Des initiatives se multiplient
Avec un objectif de 100 millions, l’E3LCEF compte apporter beaucoup à la question du financement. Mais ce ne sera pas facile. De plus en plus, des initiatives innovantes se multiplient. Plusieurs fonds axés sur le climat en Afrique sont en train de jouer un rôle important en vue de financer des solutions technologiques pour atténuer les effets du changement climatique. Il s’agit entre autres, du fonds Africa People + Planet de 200 millions de dollars de Novastar et le fonds de capital-risque de technologie climatique d’Equator, qui soutient les startups axées sur l’agriculture, les solutions climatiques et les énergies propres. D’autres véhicules d’investissement récents axés sur le climat en Afrique comprennent Satgana, le Fonds AfricaGoGreen (AAGF) et le Fonds de croissance des entrepreneurs en énergie (EEGF).
Des startups africaines à l’heure du changement climatique
Si plusieurs défis restent encore à relever, les startups elles, rivalisent de créativité. En Ouganda, par exemple, pour relever les défis environnementaux locaux, Rachael Nabunya Kisakye, ingénieure de projet pour l’entreprise ougandaise Tusk Engineers, a conçu des toilettes sèches. Il s’agit, selon lui, « de toilettes respectueuses de l’environnement, reliées à un digesteur de biogaz qui convertit les excréments humains en un engrais de qualité pouvant être manipulé en toute sécurité et utilisé pour l’agriculture. Par ce même processus, on produit aussi un combustible (biogaz) qui peut être utilisé pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage. Ce système complet combine les aspects liés à l’énergie, à l’assainissement, à la protection de l’environnement et à la production agricole dans un seul cycle, et nous en sommes très fiers ».
Au Niger, Abdou Maman, expert en technologies de l’information et de la communication et fondateur de Tech Innov, a conçu une solution qui permet aux agriculteurs de contrôler leurs systèmes d’irrigation à distance grâce à leur téléphone portable. Aussi, la solution permet de réguler le débit de l’eau grâce à leur téléphone. Elle aide également à collecter et partager des données météorologiques et hydrologiques en temps réel et à distance, notamment au sujet de la température, de la teneur en eau du sol, des précipitations, du rayonnement solaire et de la force du vent. « Il rendra également l’agriculture plus attractive pour les jeunes, contribuera à accroître le taux de pénétration des téléphones mobiles, générera davantage de trafic pour les opérateurs et déchargera les jeunes filles de la corvée d’eau, leur donnant ainsi du temps pour aller à l’école », indique son inventeur.