Inaugurée par le roi Mohammed VI en janvier 2017, dans la ville verte de Benguérir (à proximité de Marrakech), l’université a pour première mission de “connecter” le Maroc, l’Afrique et le monde. Sur une superficie de 2000 M2, le bâtiment qui allie modernité et artisanat du sud, abrite l’un des supercalculateurs les plus puissants. L’ordinateur géant, capable de procéder aux calculs les plus complexes, occupe le 98e rang des machines les plus puissantes de la planète et hisse le Maroc à la 26e place mondiale et à la 1ère place africaine, en termes de puissance de calcul, précise l’UM6P.
“L'intelligence artificielle n’est plus une tendance, c'est une obligation. Nous voulons être à la pointe de l’innovation technologique en particulier pour tout ce qui a trait à l’Agritech, le traitement de l’eau, des sols… Tout cela nous apporte une masse importante de données constituées, qu’il va falloir traiter, analyser, pour essayer d’en sortir des conclusions”, souligne Khalid Baddou, directeur des Affaires institutionnelles au sein de l'UM6P.
Fondé par la puissante Fondation du groupe industriel Office Chérifien des Phosphates (OCP), il est composé de campus à Rabat et Laâyoune dans le Sahara. Et c’est dans la capitale marocaine qu’a été lancé “AI movement” fin 2022, le centre international d’intelligence artificielle du Maroc, qui a l’ambition d’être un hub régional. “Les deux principaux axes de l’IA sont la recherche autour des métiers de l’agriculture, l'eau, les smarts cities… Nous souhaitons développer des solutions moroco-marocaines dans une université marocaine pour répondre à ces nouveaux challenges. Le deuxième pilier principal est l'éthique de l’intelligence artificielle. Avec tous les débats sur ChatGPT, ces deux volets vont de pair aujourd’hui”, poursuit Khaled Baddou.
Bien avant l'arrivée de ChatGPT, le 13 décembre 2018, le royaume avait tenu à marquer sa position. A l'issue d’un forum sur l’IA organisé par l’Unesco, a été signée la “déclaration de Benguérir. Un texte qui vise à “ promouvoir une intelligence artificielle équitable basée sur les droits, ouverte, accessible à tous, et multipartite en tant qu’instrument pour l’émancipation des peuples africains, la production du savoir par et sur l’Afrique et la transformation des sociétés”.
Ainsi, pour poursuivre la stratégie marocaine en direction du continent, l’UM6P se positionne comme le réceptacle des talents du continent et de sa diaspora.
“Notre slogan : “Empower talent, Empower Africa”, dès le départ notre parti pris est de positionner, renforcer et solidifier le continent africain à travers le renforcement des talents et des compétences”.
Cela, en créant des formations de niveau international qui répondent aux problématiques du continent, comme l’agriculture. Par exemple, le master “Sciences et technologie des fertilisants”, est suivi par 80% d’étudiants d’Afrique subsaharienne et 20% de Marocains. Présenté comme le futur grenier du monde, l’Afrique rassemble plus de 60% des terres arables non exploitées. D’après une étude commandée par Microsoft, l’Afrique est en passe de devenir le centre mondial des solutions agro-technologiques. D’ici 2030, l’Agritech va peser 10 milliards de dollars. Le Maroc compte bien se positionner. Le pays rassemble à lui seul, plus de 60% des réserves mondiales de phosphate, donc d’engrais, pour cultiver cette terre.
L’UM6P vient ainsi conforter les ambitions du royaume qui veut porter la contribution du secteur des TIC de 3% à l’heure actuelle, à 11% du PIB et créer 125 000 nouveaux emplois. En 2021, les startups marocaines ont levé un chiffre record de 269 millions de dirhams en 2021, selon Techcabal. Un chiffre très encourageant, mais encore loin derrière les 100 millions de dollars levés en Égypte, qui reste en tête.