Effective depuis le 1er janvier et vue comme la prochaine frontière de croissance, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) - un marché communautaire de 1,3 milliard d’habitants - pourrait potentiellement faire croître le commerce intra-africain de 52% d'ici 2022, selon les estimations du Centre du commerce international (CCI), corrigeant ainsi les actuelles insuffisances en la matière (seulement 14,4 % d’exportations intra-africaines en 2019, d’après la banque de financement du commerce Afreximbank).
La ZLECAf, prochaine frontière de croissance
Pas étonnant dans ces conditions que les opérateurs du secteur privé se positionnent dès maintenant pour exploiter au mieux les opportunités d’affaires attendues. C’est notamment le cas du leader bancaire nigérian, Access Bank (31 millions de clients et 20,3 milliards de dollars d’actifs sous gestion à fin 2020), qui a annoncé, dans la foulée du démarrage de la ZLECAf, l’ouverture prochaine de nouvelles filiales dans 8 pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Egypte) et subsaharienne (Angola, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Namibie, Sénégal).
Pour le directeur de l’établissement financier, Herbert WIGWE, la valeur ajoutée apportée à la clientèle passera notamment par les services de banque digitale, Access Bank ayant pour objectif de « devenir un agrégateur qui construira une passerelle de paiement mondiale, [fournissant] un soutien au financement du commerce et des services bancaires correspondants, à travers le continent ». Un renforcement du numérique que préconise également la Commission économique pour l’Afrique (CEA) puisque cet organisme des Nations Unies invite les pays du continent à promouvoir le commerce électronique; un maillon digital africain encore faible (1,3 % du e-commercial mondial de B2C en 2020, selon les estimations du cabinet Accenture) mais néanmoins perçu comme essentiel à la réussite de la ZLECAf.
Le digital, catalyseur du marché unique
De fait, le numérique est un important levier pour promouvoir le made in Africa, comme le montre déjà nombre d’initiatives, à l’image de la plateforme internet Algerian Export, créée par l’entrepreneur algérien Rassim BENGHANEM, et qui, selon ce dernier, « ambitionne d’offrir aux entreprises algériennes un moyen d’exposer au monde entier leur produits, créant ainsi une Marketplace à portée internationale ». En Afrique subsaharienne, c’est la même volonté de lever les barrières aux échanges qui anime Hervé KENFACK, le patron de la start-up camerounaise Klapeers; qui réunit sur son site les services numériques d’une trentaine d'acteurs économiques de l’écosystème panafricain et sur laquelle l’entrepreneur confie « travailler depuis vingt ans ».
Pour fluidifier au maximum ces opérations, l’entreprise a travaillé en partenariat avec deux sociétés financières reconnues, la banque nigériane UBA et l'entreprise internationale de technologies de paiement VISA, afin de déployer une solution technologique capable de garantir les transactions financières. Par ailleurs, un système de géolocalisation a été mis en place afin de permettre à la société de transport express DHL, partenaire de Klapeers, d’assurer les livraisons. Et histoire de contourner la réticence culturelle de nombre de consommateurs africains, peu enclins à payer un produit en ligne, sans l’avoir vu et touché, « Klapeers présente chaque article avec sa fiche technique et six photos prises sous toutes les faces », se félicite Hervé KENFACK, qui dit s’être notamment « inspiré du concept d’Alibaba ». Et d’assurer : « 99 % des produits proposés par Klapeers sont africains ». Tout comme la plateforme qui se démarque ainsi des leaders de l’e-commerce qui opèrent sur le continent.
« 99% des articles présents sur Klapeers sont produits sur le continent »
Lancée à Libreville, Douala et Abidjan, la plateforme sera bientôt disponible sur l’ensemble du continent, selon les desseins de son promoteur, qui vise par ailleurs un segment de marché en particulier, la Diaspora. « Des consommateurs qui disposent d’un certain pouvoir d’achat et veulent des produits africains de qualité », affirme Hervé KENFACK.
D’ici là, le protocole sur l’e-commerce, en cours d’élaboration, aura été adopté. Reste à voir si les résultats définitifs de ce Big Bang commercial qu’est la ZLECAf, qui prévoit la suppression à terme de 97% des taxes douanières, seront à la hauteur des attentes…