Et si la blockchain permettait de lutter contre l’échec scolaire ? C’est du moins le pari du gouvernement éthiopien. En effet, l’Éthiopie a annoncé le déploiement d’un système national d’identification et d’enregistrement des résultats basé sur la blockchain, afin de vérifier numériquement les notes, de contrôler à distance les performances des écoles et de stimuler l’éducation et l’emploi dans tout le pays.
La solution d’identification numérique Atala PRISM est développée par la société IOHK avec la solution blockchain Cardano - une crypto-monnaie et une blockchain de troisième génération - qui est construit par une communauté décentralisée de scientifiques, d'ingénieurs et de leaders d'opinion unis dans le but de créer une plateforme technologique qui déclenchera le changement positif dont le monde a besoin. Elle doit toucher 3 500 écoles, 5 millions d'élèves et 750 000 enseignants, et permettre de localiser les lieux et les causes de l'échec scolaire et de cibler efficacement les ressources éducatives.
Tous les étudiants disposeront ainsi de qualifications numériques vérifiées par la blockchain afin de réduire les candidatures frauduleuses à l'université et à l'emploi, et d'accroître la mobilité sociale en permettant aux employeurs de vérifier les notes de tous les candidats sans passer par des agences tierces.
« La blockchain offre une opportunité clé pour mettre fin à l'exclusion numérique et élargir l'accès à l'enseignement supérieur et à l'emploi »
À cet effet, le gouvernement éthiopien doit fournir à cinq millions d'enseignants et d'étudiants des tablettes et un réseau internet dédié, donnant à tous les étudiants un accès instantané à leurs dossiers scolaires. Cette mesure ouvrira l'accès à l'enseignement supérieur et aux possibilités d'emploi pour les 80% de la population éthiopienne qui vivent dans les régions rurales. Les identifiants des étudiants seront associés à des données provenant de systèmes de gestion de l'apprentissage et exploités par des algorithmes d'apprentissage automatique afin d'offrir des cours personnalisés, un programme d'études adapté, ainsi que des politiques et des financements fondés sur les données.
Un projet qui va rendre l'offre éducative du pays plus dynamique selon le ministre éthiopien de l'éducation, Getahun MEKURIA (PhD). « La blockchain offre une opportunité clé pour mettre fin à l'exclusion numérique et élargir l'accès à l'enseignement supérieur et à l'emploi, s’est réjoui le Ministre. Notre pays est à l'avant-garde de l'utilisation de la blockchain pour numériser l'enseignement et cette forme d'enseignement est un élément clé de la stratégie nationale de transformation numérique. »
En effet, l’initiative, présentée par les autorités locales comme « le plus grand déploiement de blockchain au monde », s’inscrit dans le cadre de la stratégie Digital Ethiopia 2025 qui vise à transformer l’économie éthiopienne en ciblant plusieurs secteurs, dont l’agriculture, la fabrication, la santé, le transport ou encore le tourisme.
« La vallée de Sheba en Éthiopie est déjà reconnue comme le principal centre d’ Intelligence Artificielle en Afrique, 70% de nos diplômés universitaires sont dans des matières STIM [Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques] et nous sommes maintenant à la pointe de l'utilisation de la blockchain pour numériser l'éducation », poursuit le ministre.
« Ce projet pourrait déclencher une vague d'innovation blockchain de troisième génération à travers l'Afrique, apportant des services vitaux à ceux qui en étaient jusqu'à présent privés »
« Dans ce cadre l'Éthiopie étudie également l'adoption plus large de nos produits Atala, qui incluent la plateforme PRISM, pour tout, du "track-and-trace" basé sur la blockchain des chaînes d'approvisionnement des petits exploitants agricoles aux identifiants numériques pour le transport ou les soins de santé », indique John O'CONNOR, directeur des opérations en Afrique chez IOHK. « Nous avons déjà entamé des discussions sur l'utilisation de l'identité numérique basée sur la blockchain pour deux autres applications destinées à plusieurs millions d'utilisateurs. »
« Nous avons réalisé depuis longtemps que les pays en développement pourraient particulièrement bénéficier de la technologie blockchain, grâce à l’absence de systèmes numériques intégrés et établis, mais également parce que les blockchains sont moins coûteuses que des infrastructures plus lourdes » poursuit John O'CONNOR, annonçant par la même occasion des négociations en cours pour le déploiement de la solution en Afrique du Sud, au Nigeria ou au Kenya.
En attendant, le programme doit être étendu aux universités où les diplômes sont également vérifiés numériquement sur la blockchain Cardano. « La transformation de l'éducation basée sur la blockchain en Éthiopie est une étape clé de la mission d'IOHK, qui consiste à fournir des identités économiques et des emplois, ainsi que des services sociaux et financiers aux personnes exclues numériquement, explique John O'CONNOR. Ce projet pourrait déclencher une vague d'innovation blockchain de troisième génération à travers l'Afrique et le monde en développement, apportant des services vitaux à ceux qui en étaient jusqu'à présent privés. »