Si nous ne devions tirer qu'une leçon de cette crise Covid-19 que nous traversons ce serait la suivante : le numérique nous offre des réponses, concrètes, aux problèmes que nous rencontrons. Cela est d'autant plus vrai pour l'AgriTech.
Alors que l'Afrique de l'Est est confrontée à l'une des pires famines de son histoire, du fait du changement climatique notamment, ce paradoxe n'est plus supportable : si tous les experts s'accordent à dire que cette Afrique pourrait se nourrir et représenter une alternative pour la donne alimentaire mondiale, elle peine encore à répondre à ses besoins primaires.
Ceci dit, une lueur d'espoir apparaît avec l'essor du numérique. D'où l'importance cruciale de la promotion de l'AgriTech, véritable accélérateur d'une agriculture africaine capable de relever tous les défis qui lui sont rattachés : sécurité et souveraineté alimentaire, emploi et formation des jeunes, autonomisation de la femme, etc.
« Mobilisation sans précédent d'une nouvelle catégorie d'acteurs du développement, les jeunes et les femmes, connectés ! »
Drones, Blockchain, Big Data, Crowdfunding, E-learning, mais aussi Hydroponie, Aéroponie, Aquaponie, etc. Des termes de plus en plus familiers aux divers acteurs de la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire en Afrique, des concepts et solutions qui témoignent d'une réelle effervescence du numérique en matière agricole et agrobusiness avec, signalons-le, une mobilisation sans précédent d'une nouvelle catégorie d'acteurs du développement : les jeunes et les femmes, tous connectés, pour une agriculture africaine créatrice de richesses, porteur d'une croissance inclusive réelle et durable en Afrique.
Avec la révolution numérique, l'AgriTech s'impose à nous comme une véritable opportunité pour l'investissement et la création de richesses sur l’ensemble de la chaîne de valeur agricole : production, logistique, commercialisation, transformation, financement, formation, etc.
« Le train de la révolution agro-digitale est réellement en marche en Afrique »
Avec la présence sans cesse accrue de solutions agro-digitales novatrices :
- drones ;
- rationalisation et gestion de l'eau à travers des capteurs, développés entre autres par William ELONG de Drone Africa et Joseph BILEY de We fly agri ;
- l'hydroponie, l'aquaponie avec Flavien KOUATCHA notamment ;
- la logistique et commercialisation avec E-commerce Jangolo.cm de Bertrand FOFFE (Cameroun) et Mlouma (Sénégal) ;
- l'e-learning et crowdfunding par de nombreux autres acteurs…
Le train de la révolution agro-digitale est réellement en marche en Afrique. De nombreux États s'y mettent également à l'instar du Bénin et du Gabon pour la collecte de la Data en Afrique Francophone et de nombreuses autres initiatives similaires au Ghana, au Rwanda et un peu partout sur le continent.
« L'AgriTech représente un véritable instrument pour booster le secteur mais cela ne sera réellement efficace que si les problèmes structurels sont traités »
Cet engouement de l'AgriTech ne doit toutefois pas nous faire oublier l'urgence de la résolution de certaines équations structurelles, véritables obstacles à l'émergence de l’agriculture africaine parmi lesquels les infrastructures, le déploiement de politiques efficaces pour l'avancée du secteur, le manque crucial de financement, la fracture numérique encore bien réelle, la dévalorisation du secteur auprès de la jeune génération, l'absence de visionnaires également, la révision de certains accords internationaux défavorables à l'émergence d'un véritable tissu agro-industriel local, etc.
Le défi est énorme, et l'AgriTech représente un véritable instrument pour booster le secteur, mais cela ne sera réellement efficace que si les problèmes structurels sont traités en profondeur et l'heure est à l'urgence. Alors place à l'information, à la sensibilisation et bien entendu à l'action des divers acteurs afin de révéler le défi d'une Afrique capable de se nourrir et de nourrir le Monde.
Tribune écrite par Charlotte LIBOG, fondatrice d'Afriquegrenierdumonde.org, une plateforme qui vise à sensibiliser les dirigeants africains et occidentaux, les investisseurs et la société civile à la promotion d'une agriculture durable.