D’après un rapport du cabinet d'analystes Digital TV Research, les revenus des films et épisodes télévisés africains OTT atteindront 2 milliards de dollars (1,75 milliard d'euros) d'ici 2027. Netflix comptera 6,94 millions d'abonnés d'ici 2028, soit 45 % du total de la région, Disney+ 1,29 million d'abonnements d'ici 2028, avec un déploiement qui devrait être limité au Nigeria et à l'Afrique du Sud. Prime Video débutera au Nigeria et en Afrique du Sud en 2023. Digital TV Research prévoit 3,01 millions d'abonnés Amazon Prime Video d'ici 2028. Apple TV+ a été lancé dans seulement huit pays africains en novembre 2019, avec 228 000 abonnés payants attendus d'ici 2028. Une entrée fracassante qui semble étouffer les opérateurs de télécommunications classiques. D’après des révélations du directeur général d’Orange Sénégal, l’entreprise perd 20 milliards de francs CFA au Sénégal, du fait des appels entrants internationaux via les OTT. Pire, 2/3 des appels entrants internationaux sont effectués par le canal des OTT.
D’où la nécessité, selon lui, de réguler, ou à défaut d’encadrer les OTT sur le continent. Mais comment ? Un rapport de la société d’études de marché Dataxis estime que les opérateurs mobiles ont un rôle significatif à jouer dans l’avancement des services over-the-top (OTT) en Afrique. « Alors que l’adoption plus large des services OTT sur le continent est entravée par une connectivité internet limitée, le partenariat avec les opérateurs mobiles peut contribuer à surmonter cette barrière. Les plateformes de streaming peuvent collaborer avec les opérateurs mobiles pour proposer des forfaits regroupés comprenant des abonnements et des données à faible coût, simplifiant le paiement via les factures mobiles », indique le document. La même source cite en exemple le partenariat entre l’opérateur mobile sud-africain MTN et Disney+ pour lancer un forfait mobile pour Disney+ en Afrique du Sud, offrant un ensemble aux clients à un coût fixe.
L’impossible taxation
Netflix comptera 6,94 millions d'abonnés d'ici 2028, soit 45 % du total de la région@Netflix Aujourd’hui, la configuration est telle que les acteurs OTT utilisent le réseau des opérateurs, sans nécessairement leur reverser de contrepartie financière. C’est le cas de Facebook Messenger, WhatsApp, Viber, Skype…Un des pays à adopter une taxe de 5 % sur les revenus gagnés par les entreprises numériques étrangères, en prenant des services, tels que les données, les jeux en ligne, l’accès et le téléchargement de contenu numérique, ainsi que l’entreposage de données…l’Ouganda a fait face à quelques soucis, notamment sur l’impact de cette taxe sur les utilisateurs d’Internet et sur les prix des services Internet, même si les autorités ont tenu à rassurer que cette taxe sur les médias sociaux et n’affecterait pas les Ougandais. « Actuellement, aucune taxe n’est perçue lorsque les Ougandais utilisent des services tels qu’Uber, dont l’argent est envoyé à l’étranger sans être soumis à une taxation locale.
Cette mesure vise à garantir une contribution fiscale des entreprises numériques étrangères opérant en Ouganda », a expliqué la commission des lois. A côté de l’Ouganda, le Nigeria, le Kenya et le Zimbabwe ont mis en place une législation qui impose directement les opérations numériques des multinationales non résidentes. Alors qu’en Europe le débat est de plus en plus agité, Méta est monté au créneau pour dénoncer. Comme argument, le réseau social indique « avoir consacré plus de 100 milliards de dollars en investissements et en charges d'exploitation pour ses infrastructures numériques, dont plusieurs milliards en Europe. En 2022, le groupe de Mark Zuckerberg dit avoir investi plus de 30 milliards dans le monde. Selon Meta, les fournisseurs de contenus dans leur ensemble auraient consacré 880 milliards de dollars sur 10 ans à l'infrastructure, ce qui ferait économiser aux opérateurs télécoms 6 milliards par an ».
Méta ajoute également avoir investi dans les câbles sous-marins ce qui a permis de multiplier par quatre la capacité de transport de données transatlantique. Mamadou Moustapha Sarr web-entrepreneur voit la question autrement. Selon lui, si une entreprise n’a pas de présence physique dans un pays, elle ne sera pas imposable. « Les factures envoyées par la firme de Mountain View viennent de Google Ireland Limited et, Amazon gère les transactions internationales depuis ses bureaux de Luxembourg. De ce fait, même un acheteur ne sera pas assujetti à la TVA. Cependant si l’acheteur devait payer ces taxes, il devrait le payer au pays où est basée l’entreprise. Par ailleurs, il est risqué de vouloir imposer ces multinationales. »