« Aujourd’hui, l’Afrique a le taux de pénétration mobile qui connaît la croissance la plus rapide au monde. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir. Pourtant, nous disposons déjà des moyens de résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Nous devons continuer à donner la priorité aux compétences et à l’alphabétisation numériques. À l’échelle mondiale, nous constatons également une forte dynamique en faveur de la transformation numérique de l’Afrique ». C’est ainsi que Paul Kagamé le président rwandais a peint les enjeux du numérique. Il s’exprimait lors du MWC Kigali 2023 qui s’est tenu au Centre des congrès de Kigali au Rwanda. Un événement d’envergure internationale qui a vu la participation de représentants du gouvernement, du monde des affaires, des technologies émergentes et bien plus encore. Une diversité qui en dit beaucoup sur les enjeux de l’heure comme le souligne Mats Granryd. D’après le directeur général de la GSMA, l'industrie mobile a connu une croissance remarquable dans toute l'Afrique subsaharienne et atteint désormais près de 490 millions d'abonnés uniques. Mais, dit-il, « seulement une personne sur quatre dans la région est abonnée à l'Internet mobile. Le MWC Kigali offre un forum permettant aux décideurs politiques et aux dirigeants de la connectivité de se réunir et de discuter des moyens d'accélérer la transformation numérique de l'Afrique, de combler l'écart d'utilisation et, en fin de compte, de garantir que tous les habitants de la région en bénéficient », a-t-il souligné. Ainsi, du déficit d'investissement à la réduction de la fracture numérique et l'abordabilité des téléphones portables, tout est mis sur la table.
L’innovation dans la coopération
Dans un contexte où les défis sont quasiment les mêmes pour les pays, des décideurs ont jugé nécessaire de se liguer pour plus d’impacts. Ainsi, les PDG de six des plus grands opérateurs de réseaux mobiles d’Afrique se sont réunis au MWC Kigali pour examiner les opportunités et les défis liés à des partenariats plus approfondis avec les gouvernements africains afin de favoriser l’inclusion numérique et le développement des infrastructures mobiles à travers le continent. Avec le soutien du Président Paul Kagamé, ils ont retenu « de collaborer avec les plans de transformation des États-nations africains, en mettant davantage l’accent sur quatre domaines prioritaires dans lesquels les gouvernements, travaillant en partenariat avec le secteur mobile, ont la possibilité de favoriser l’inclusion numérique, la croissance économique et la transformation environnementale ». Il s’agit de favoriser une connectivité inclusive grâce à des réformes budgétaires et autres réformes politiques, de combler le déficit d’investissement pour la construction d’infrastructures à large bande, de veiller à l’impact environnemental, de l’engagement à renforcer l'industrie mobile qui contribue actuellement à hauteur de 170 milliards de dollars (8,1 %) au PIB de la région subsaharienne et s'engage à dépenser 75 milliards de dollars supplémentaires, ce qui rapportera 210 milliards de dollars au PIB de l'Afrique subsaharienne d'ici 2030. La recette est claire : « Parvenir à une Afrique connectée nécessite un véritable partenariat ».
70 Milliards de dollars investis en dix ans
Si l’Afrique a encore du chemin à faire, ce n’est pas faute d’investissement. En effet, selon un document présenté au MWC Kigali, au cours des 10 premières années de l'Agenda 2063 (2013-2023), les opérateurs mobiles en Afrique ont investi plus de 70 milliards de dollars américains dans la construction d'infrastructures mobiles, permettant à près de 85 % de la population africaine d'accéder à la connectivité mobile à haut débit (contre 95 % en moyenne mondiale). Mais le défi reste énorme. Pour cause, plus de 680 millions de personnes, soit trois personnes sur cinq (60 %), vivent dans des zones couvertes par un réseau haut débit mobile en Afrique mais ne sont pas abonnés aux services haut débit mobile.
Le Rwanda à fond dans la 5G
Dans sa volonté de tirer profit du numérique, le gouvernement rwandais ne ménage aucun effort pour mettre le cadre adéquat. Ainsi, avec la collaboration de SoftBank Corp, il a été effectué avec succès la charge utile de communication 5G exclusive de SoftBank dans la stratosphère installée sur un véhicule aérien sans pilote à haute altitude, alimenté par l'énergie solaire. « La démonstration, menée à des fins de recherche HAPS dans l’espace aérien rwandais par SoftBank et le gouvernement du Rwanda, a marqué la première livraison au monde annoncée publiquement d’une connectivité 5G à partir d’un drone HAPS dans la stratosphère », indique d’ailleurs un communiqué.
Pour Paula Ingabire, Ministre des TIC et de l'Innovation de la République du Rwanda, le test représente une étape importante vers la réduction de la fracture numérique et le renforcement de l’inclusion numérique grâce à des solutions innovantes. « Cela montre notre engagement à faire du Rwanda une destination mondiale de premier ordre pour les individus pionniers et visionnaires du monde entier, où ils peuvent exploiter nos politiques de soutien et notre flexibilité réglementaire pour explorer des innovations de pointe qui répondent aux défis de développement », a-t-il indiqué.
Ainsi, les deux partenaires comptent s’appuyer sur les résultats de cette démonstration réussie pour étudier les cas d'utilisation potentiels du HAPS et sa mise en œuvre commerciale au Rwanda et dans d'autres régions d'Afrique.