Dans le sillage du basculement accéléré vers le digital, le secteur des technologies numériques appliquées à l’éducation (EdTech) est en plein essor. Avec un chiffre d’affaires mondial estimé à 254,8 milliards de dollars en 2021, et qui devrait plus que doubler d’ici 2027 (à 605,4 milliards de dollars) selon le cabinet d’études spécialisé Arizton, c’est désormais un marché 8 fois plus important que le secteur des logiciels. L’organisation suisse Seedstars- qui investit dans les jeunes sociétés des pays émergents- estime pour sa part que 9% des applications téléchargées sur l’App Store concernent aujourd’hui des contenus éducatifs. Pas étonnant dans ces conditions que l’Afrique aussi, boostée par les besoins accrus de digitalisation nés de la pandémie du Covid (fermeture d’écoles), voit se multiplier les offres d’apprentissage en ligne.
Une offre qui se multiplie autant qu’elle se diversifie
Cours en ligne sur le patrimoine africain, formations techniques sur les métiers de l’environnement, modules de conception de contenus animés… L’offre se multiplie autant qu’elle se diversifie. Mieux, la filière a le mérite de générer à la fois des emplois et des revenus. D’où l’intérêt des acteurs publics et des bailleurs de fonds pour ce secteur, tout autant que celui des opérateurs de technologie mondiaux présents sur le continent.
L’équipementier chinois Huawei dispense par exemple des programmes de formation comme ICT Academy et Tech4All tandis que l’américain Amazon a mis en place le programme AWS Re/Start, qui forme et réinsère des personnes éloignées de l’emploi vers une carrière dans le Cloud. L’opérateur français Orange a quant à lui lancé Orange Campus Africa, une plateforme de formation en ligne africaine, qui fournit une palette de formations d’établissements partenaires ( Universités Virtuelles de Tunis et du Sénégal, Université numérique Ingénierie et Technologie (UNIT), Finafrique) avec « le soucis de proposer des contenus adaptés aux besoins locaux », assure la direction du groupe.
La formation en ligne, un complément à une mise en pratique « réelle »
Reste que si l’offre se multiplie, elle reste limitée par un certain nombre de facteurs tels que l’accès à l’énergie, à internet ainsi qu’à une faible offre de contenus en langues locales. Pis, ce type de formations n’est pas toujours reconnu par les corps éducatifs nationaux et les potentiels employeurs. Didier Acouetey, le président du cabinet de recrutement AfricSearch estime pour sa part que si « on ne peut pas se priver de la digitalisation de la formation », celle-ci devra « toujours être complétée par l’interaction périodique » avec des personnes. Autrement dit, être un complément à une mise en pratique « réelle ». Il n’empêche, en dépit de toutes leurs insuffisances et au vu de la pression continue exercée par la croissance démographique africaine (de 1,3 milliard d’habitants aujourd’hui, la population continentale devrait atteindre 2,5 milliards à l’horizon 2050) sur les systèmes éducatifs, les initiatives edtech ont le mérite de proposer des solutions alternatives pour démocratiser l’accès à la connaissance et offrir ainsi des opportunités à celles et ceux qui sauront les saisir. En attendant, sur la scène de l’enseignement virtuel, une tendance se confirme : les formations en ligne sur les métiers du numérique. Autrement dit, les métiers de demain.