Dévoilé le 11 janvier, le dernier indice d'adoption des cryptomonnaies de la société australienne Finder confirme la popularité accrue des monnaies numériques sur le continent. Réalisé sur la base d’une étude conclue fin décembre 2021 auprès d’internautes du monde entier, l’indice a pour ambition de déterminer le taux d’adoption aux cryptomonnaies dans 27 pays, dont l’Afrique du Sud. La nation Arc-en-Ciel se classe ainsi 21edu classement avec un taux global de possession de cryptomonnaies de 11,3 % parmi les 2003 internautes sud-africaines sondés. Un chiffre qui place l’Afrique du Sud loin derrière le Vietnam, champion mondial en la matière (28,6 %) mais bien devant le Japon (5,8 %), qui ferme la marche du palmarès.
Selon les données recueillies, le bitcoin serait la plus populaire des cryptomonnaies détenues, 56 % des propriétaires de monnaies numériques du pays d’Afrique australe indiquant en détenir fin décembre 2021, devant l'Ethereum (31,51 %), le Ripple (25,8 %) et le Dogecoin (15,6 %). Autres points mis en lumière par l’indice Finder, la surreprésentation masculine parmi les détenteurs sud-africains de monnaies digitales (62 % des propriétaires de cryptomonnaie) et la relative jeunesse de ces derniers, 56,1 % des sondés utilisateurs de cryptomonnaie étant des personnes âgées de 18 à 34 ans, tandis que les 35-54 ans en détiennent 32 % et les plus de 55 ans, 19,3 %.
Enfin, outre le fait qu’ils sont, dans leur grande majorité, des hommes jeunes, les détenteurs sud-africains de monnaie digitale apparaissent également relativement optimistes quant au devenir financier des cryptomonnaies, 47 % des personnes interrogées estimant que ces actifs numériques sont une bonne option d'investissement. Un chiffre supérieur à la moyenne mondiale de 43 %, établie par l’indice d'adoption des cryptomonnaies de Finder.
L'Afrique, prochaine frontière des cryptomonnaies
Cette popularité grandissante des monnaies numériques ne concerne pas la seule nation Arc-en-ciel. Un autre indice récent dédié aux cryptomonnaies, le Global Crypto Adoption Index de la société d’analyse Chainalysis, estime qu’entre juillet 2020 et juin 2021, le marché africain des cryptomonnaies aurait bondi de…. 1200% ! Une progression vertigineuse, qui représente une valeur totale de 105,6 milliards de dollars d’actifs numériques, et qui semble accréditer l’idée selon laquelle l'Afrique serait la prochaine frontière des monnaies digitales. De fait, celles-ci apparaissent comme une alternative pour les exclus des services bancaires traditionnels. D’autant que leur utilisation ne requiert souvent qu’un smartphone- déjà plébiscité avec des applications de paiement telles que M-Pesa (48 millions d’usagers à fin mars 2021)- pour accéder aux réseaux de la blockchain. Dans le détail, ce n’est pas moins de six pays africains qui figurent ainsi dans le Top 20 du Global Crypto Adoption Index, le Kenya étant le mieux classé (5e), suivi du Nigeria (6e), du Togo (9e), de l’Afrique du Sud (16e), du Ghana (17e) et de la Tanzanie (19e).
L'Afrique arrive en tête des plateformes de paiement peer-to-peer (P2P), en termes de volume de transactions
De même, « aucune région n'utilise les plateformes P2P à un taux plus élevé que les utilisateurs africains de cryptomonnaies, puisqu'elles représentent 1,2 % de l'ensemble du volume des transactions africaines et 2,6 % de l'ensemble du volume pour le bitcoin spécifiquement », précisent les équipes de Chainalysis avant de noter que « nombre d’utilisateurs africains de cryptomonnaies comptent sur les plateformes P2P non seulement comme une rampe d'accès aux cryptomonnaies, mais aussi pour les envois de fonds et même les transactions commerciales ». En outre, « les transferts interrégionaux représentent une part plus importante du marché des cryptomonnaies en Afrique que dans toute autre région, avec 96 % du volume total des transactions, contre 78 % pour toutes les régions confondues », poursuivent les spécialistes de Chainalysis.
Il n’empêche, les régulateurs financiers de la plupart des pays africains restent hostiles aux échanges de cryptomonnaies, la Banque centrale du Nigeria ayant par exemple interdit, dès 2017, de les utiliser et de les détenir. Une défiance des pouvoirs publics qui freine sans aucun doute nombre de potentiels investisseurs internationaux, intéressés par le marché africain. Jack Dorsey, le fondateur de Twitter et de Square, n’avait par exemple pas caché son appétit pour le marché africain lors de sa tournée sur le continent, en 2019. Depuis, ses ambitions ont été revues à la baisse, et ce alors même quele spécialiste des paiements mobile Square a généré 2,72 milliards de dollars de revenus en bitcoin pour le seul deuxième trimestre 2021.
Les entreprises africaines de la fintech associées aux cryptomonnaies n’en continuent pas moins leur essor, notamment au Nigéria. En mars dernier, la plateforme de paiements numériques Flutterwave a réalisé une levée de fonds de 170 millions de dollars, valorisant la société à plus d’un milliard de dollars. Quelques semaines plus tard, la start-up intégrait la prestigieuse liste des 100 entreprises les plus influentes du monde, établie par le magazine TIME.