Déterminé à placer la transformation numérique au cœur de sa stratégie de développement, le Rwanda a multiplié au cours des dernières années les partenariats avec des entreprises internationales de la tech (Andela, Inmarsat, Alibaba..). Derniers exemples en date, l’annonce, la même semaine de novembre, de deux nouveaux accords avec respectivement le géant américain Google et le coréen Samsung, premier fabricant mondial de smartphones.
Dévoilés par le ministère rwandais des TIC, à l’occasion de la confirmation du prochain lancement du Hanga Pitchfest, une compétition qui ambitionne de « promouvoir l'utilisation de la technologie et de l'innovation, en présentant les entrepreneurs tech et talents créatifs de tout le pays », selon ses promoteurs, les deux partenariats devraient de fait contribuer à renforcer un peu plus la filière des nouvelles technologies du pays des Mille Collines.
« La croissance de l'économie numérique continuera à stimuler la transformation économique du Rwanda »
La convention signée avec Samsung portera notamment sur un appui à la Rwanda Coding Academy, une école de développeurs informatiques - située dans le district de Nyabihu, à l’Ouest du Rwanda - qui se verra dotée par l’entreprise coréenne d’un laboratoire « d’innovation » de 30 places, tout équipé. Commentant la signature de l’accord, Paula INGABIRE, la ministre rwandaise des TIC, s’est dite convaincue que celle-ci « favorisera l'inclusion numérique et que la croissance de l'économie numérique continuera à stimuler la transformation économique du Rwanda, conformément à la vision du pays, qui souhaite devenir une économie fondée sur la connaissance ».
Quant au partenariat avec Google, il vise à accroître la culture digitale des citoyens rwandais en recrutant des jeunes férus de numérique pour dispenser des formations dans ce domaine. Le groupe internet américain cherche en particulier à accélérer la croissance du commerce électronique dans le pays, en aidant 3 000 petites et moyennes entreprises à se mettre en ligne et en équipant 1 000 « iWorkers », ces travailleurs indépendants connectés numériquement et équipés d'un smartphone. Par ailleurs, l’entreprise californienne a fait part de son intention d’accroître la visibilité du Rwanda à l’international, par le biais de son application Google Street View. Objectif : améliorer les cartes numériques des principaux centres urbains et donner accès au patrimoine culturel national à travers des récits numériques, établis en collaboration avec les Musées nationaux du Rwanda.
« Travaillons dur pour diffuser ces plans afin qu'ils aient l'impact que nous souhaitons voir sur la transformation numérique de l'Afrique »
L’initiative réjouit d’ores et déjà nombre de dirigeants de PME, à l’image d’Eustache UWAYO, propriétaire d'une quincaillerie à Kigali, pour qui la visibilité gagnée sur Google Maps devrait faire ses affaires, dans la mesure où « presque tout le monde à Kigali a accès à internet et à un smartphone ». En effet, pour ce patron de 33 ans, qui a réussi à obtenir en août de cette année, une aide de 9 millions de francs rwandais (environ 9 000 dollars) du Fonds de relance économique une structure étatique créée en 2020 pour soutenir les entreprises durement touchées par la pandémie - tout dispositif lui permettant de se rapprocher de sa clientèle est bon. Les propriétaires de petites entreprises n'ont du reste pas été les seuls à saluer ces derniers partenariats dans le domaine des technologies.
Le 11 novembre, c’est le président rwandais lui-même, Paul Kagame, qui lors de la 10e réunion du conseil d'administration de Smart Africa, a salué Google et le spécialiste des solutions numériques Westlink - filiale du groupe ADS - comme les derniers membres à rejoindre cette alliance africaine destinée à améliorer l’accès aux technologies de l’information. « Travaillons dur pour diffuser ces plans, ainsi que ceux lancés précédemment, afin qu'ils aient l'impact que nous souhaitons voir sur la transformation numérique de l'Afrique », a exhorté le chef de l’État rwandais, en s'adressant aux représentants de 30 pays africains et partenaires, lors de l'événement virtuel. Nul doute que le dirigeant politique avait aussi en tête les efforts restant à accomplir « à domicile », dans le cadre de la stratégie nationale de transformation du Rwanda (National Strategy for Transformation, appelée aussi NST1) qui inclut notamment l'ambition de « garantir l'alphabétisation numérique à tous les jeunes de 16 à 30 ans d'ici 2024 ». Sur ce point, le Rwanda pourra toujours aussi compter sur toute une série de projets portés par des ONG locales et étrangères, tels que le programme Connect Rwanda, un partenariat américano-rwandais qui a permis d’équiper à ce jour plus de 7000 foyers de smartphones.