Publié en mars 2021, le rapport de la CNUCED assure que nombre de pays en développement « sont moins préparés pour la nouvelle vague technologique ». Toutefois, certains d'entre eux sortent du lot, révélant « une capacité d'utilisation, d'adoption et d'adaptation des technologies de pointe plus forte que ne le laisserait supposer leur PIB par habitant ».
Les technologies de pointe redéfinissent notre monde, en particulier notre avenir post-pandémie.
Derrière les technologies de pointe se cachent l'Intelligence Artificielle, la robotique, l'Internet des Objets, les nanotechnologies, la Big Data, la Blockchain, la 5G, l'impression 3D, les drones, l'édition génétique et le photovoltaïque solaire… Autrement dit, toutes ces technologies qui profitent de la numérisation et de la connectivité, soulignent les experts de la CNUCED.
Pour la directrice de la division technologie et logistique de la CNUCED, Shamika N. SIRIMANNE, « les technologies de pointe redéfinissent notre monde, en particulier notre avenir post-pandémie ». Et pas seulement dans le mauvais sens, car « malgré certains aspects négatifs associés à ces technologies, tels que leur potentiel à creuser les inégalités, à accroître la fracture numérique et à perturber la cohésion socio-politique, elles pourraient s’avérer décisives pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) ».
Les cinq critères d’évaluation
Pour évaluer leurs avancées dans l'utilisation des technologies de pointe, le rapport de la CNUCED présente un "indice de l’état de préparation des pays", prenant en considération les capacités nationales des pays en matière d'investissement physique, de capital humain et les efforts déployés pour l'adoption technologique.
Pour ce faire, cinq critères principaux de base sont pris en compte, à savoir les investissements en recherche et le développement, le niveau de déploiement des TIC, de même que les niveaux de qualification et formation, le niveau d'activité industrielle et l'accès aux financements.
L'indice fait donc apparaître les pays en développement ayant les meilleurs résultats en matière de technologies de pointe alors que leur PIB par habitant est très bas.
Aussi, dans son analyse pays par pays, à l'échelle mondiale, c'est l'Inde qui se distingue comme le pays le plus performant, et sur le continent, la Tunisie. Deux pays qui se caractérisent par « une abondance en ressources humaines qualifiées et hautement qualifiées, disponibles à un coût relativement faible ». Le Nigeria, l'Égypte et l'Afrique du Sud sont également bien classés.
Mis à part les pays en développement, les pays les mieux préparés aux technologies de pointe sont les États-Unis, la Suisse et le Royaume-Uni. D'ailleurs, hormis les États-Unis, la Corée du Sud et Singapour, les mieux préparés sont européens, lesquels « ont des performances bien équilibrées entre tous les éléments qui composent l’indice ».
Les recommandations de la CNUCED
Pour combler leur retard, la CNUCED estime que les pays en développement doivent adopter certaines technologies de pointe, et poursuivre la diversification de leurs bases de production. Dans ce cadre, ils doivent « renforcer leurs systèmes d'innovation », et ce pour ne plus être fragiles, « sujets à des défaillances systémiques et à des carences structurelles ».
Le rapport recommande aux pays en développement d'aligner leurs politiques en matière de science, de technologie et d'innovation (STI) sur leurs politiques industrielles. « Les nouvelles technologies peuvent redynamiser les secteurs de production traditionnels et accélérer l'industrialisation et la transformation structurelle de l'économie », souligne Shamika N. SIRIMANNE.
Les décideurs politiques sont invités à aider les personnes à acquérir les qualifications et compétences numériques nécessaires pour adopter et adapter les technologies de pointe dans les bases de production déjà existantes dans leur pays.
Enfin, le rapport estime nécessaire que toute la population puisse se connecter à Internet. Pour ce faire, les gouvernements devraient adopter des mesures incitatives et allouer des subventions pour accroître l’accès à Internet, en investissant dans les infrastructures numériques notamment.