« Aujourd'hui, absolument personne n'est capable de dire combien il y a d'écoles dans le monde ». C'est de ce constat et dans l'objectif, à travers le projet GIGA, de connecter toutes les écoles du monde à internet d'ici 2030, que l'Unicef et Naroa ZURUTUZA, responsable innovation à l'agence de l'ONU, se sont lancés depuis le 26 août dans la création d'une carte recensant toutes les écoles du monde. Une carte qui devrait être complète pour 35 pays d'ici 2023. Pour le moment, l'organisme s'implique particulièrement dans certains pays pionniers, dont en Afrique, le Niger, la Sierra Leone, le Bénin, le Togo, le Kenya le Rwanda et l'Ouganda. Des pays choisis pour leur investissement déjà important pour la mise en réseau de leurs écoles.
L'imagerie satellite, un atout indispensable
Mais avant la connexion, il faut cartographier l'ensemble des écoles. Et pour cela l'Unicef s'est associé à l'entreprise suédoise de télécommunications Ericsson. « Leurs ressources et leurs expertises en intelligence artificielle sont essentielles pour nous faire gagner du temps », explique Naroa ZURUTUZA. Car les données produites par les gouvernements ne sont pas toujours très précises, voire complètement obsolètes. L'imagerie satellite devient alors un atout majeur pour vérifier les coordonnées d'un établissement scolaire.
Les écoles sont reconnaissables par satellite : la forme du bâtiment, une route, une cour d’école, parfois un terrain de sport… Les programmes d'Ericsson nous permettent de vérifier les coordonnées que l'on nous donne en un temps record, et sans avoir besoin de nous rendre sur place.
Les données sont également récupérées auprès de branches locales des organismes à but non lucratif mais aussi auprès de la population qui peut signaler la présence d'une école.
La cartographie ne trouvera pas seulement d'intérêt pour la connexion des établissements à internet, elle permettra également de savoir où il y a des manques d'infrastructures, si certaines communautés sont délaissées sur le plan de l'éducation. « Nous utilisons également les écoles comme lieu de ralliement en cas d'urgence ou pour les campagnes de vaccination », souligne Naroa ZURUTUZA.
La crise sanitaire accélère le projet
C'est sans surprise que le Rwanda s'affiche comme l'un des fers de lance du projet en Afrique, puisque le pays a investi de façon importante ces dernières années pour déployer 7 000 km de fibre optique à travers le pays et étendre la couverture de l'internet 4G à 96%. Un exemple pour « inciter les autres gouvernements à s'impliquer et les mettre en confiance », explique Naroa ZURUTUZA.
Car la crise du Covid-19 a montré l'importance de la connexion pour les écoles : 125 millions d'enfants africains n'ont pas pu se rendre en classe ces derniers mois et l'école à distance s'est révélée un véritable casse-tête. Le projet GIGA l'a aussi compris et a accéléré en réponse à la crise avec par exemple les premières connexions d'écoles au Kenya il y a quelques semaines. Lancé en septembre 2019, le projet GIGA débute donc une nouvelle étape, avant d'atteindre l'objectif de connecter toutes les écoles du monde, pour lequel il faudra des milliards de dollars, et des années…