Quelle est la vocation du programme I&P Accélération Sahel ?
Le programme I&P Accélération Sahel s'adresse aux start-up et petites et moyennes entreprises d'Afrique de l'Ouest avec un objectif principal : leur donner accès aux financements et aux compétences nécessaires pour permettre leur développement et ainsi favoriser la création d'emplois sur le continent. Ce programme est financé par le fonds fiduciaire d'urgence de l'Union Européenne pour l'Afrique.
Ce fonds cible en particulier la zone du Sahel, une zone très fragile où la croissance démographique est galopante et les problèmes de sécurité nombreux. Une des priorités de ce fonds est donc de contribuer à la stabilité de cette région, à travers différents axes, dans lesquels s'inscrit ce programme.
À quels types d'entreprises s'adresse ce programme ?
Notre objectif principal est de créer de l'emploi local en soutenant de jeunes entreprises qui sont plutôt en phase d'accélération comme l'indique le nom du programme. Des entreprises qui ont déjà passé l'étape d'incubation, qui ont un concept de services déjà testé, qui souhaitent développer leur vente… Mais qui ont besoin, par exemple, de petits financements pour un recrutement. Dans la vie d'une entreprise, c'est une étape cruciale. Elles sont en phase de test de leur modèle, elles ont commencé à faire des ventes, elles voient que cela commence à fonctionner, mais elles ont besoin de certaines données pour passer à une plus grande échelle, pour élaborer un plan marketing, un plan d'action commercial, de production, se structurer… Nous leur apportons alors non seulement du financement mais également un accompagnement technique. Nous mettons ainsi à leur disposition des experts qui vont les aider à revoir et ajuster leur modèle économique. Un troisième volet de ce programme est dédié au renforcement des capacités des structures qui accompagnent les entrepreneurs. Ces structures d'appui, notamment des incubateurs, sont souvent mal outillées pour aider les entreprises à faire des levées de fonds. Nous utilisons alors notre expertise et notre expérience de 20 ans dans la région, pour renforcer la capacité de ces accompagnateurs à trouver des financements pour les entreprises qu'ils soutiennent.
Quand a démarré le programme ?
Le programme a démarré fin novembre 2019. Il y a eu une phase, de quelques mois, de structuration du projet : recruter l'équipe sur place, mettre en place des procédures conformes à l'UE… Nous ne partions pas de rien puisque I&P a des bureaux et des partenaires en Afrique. Nous nous sommes ainsi appuyés sur 6 équipes présentes localement, lesquelles ont été renforcées en recrutant des personnes dédiées au projet. Elles ont déjà commencé à travailler. Et nous avons déjà commencé à faire nos premiers financements d'entreprises.
Quel type de financement proposez-vous ?
Le cœur de métier d'I&P c'est l'investissement en capital. On a commencé à proposer des fonds d'amorçage en 2017, avec un financement de 1,5 million $ de USAID pour réaliser ce type de projet. Jusqu'en 2023, l'objectif est d'accompagner 300 entreprises dont 120 à travers du financement d'amorçage. Le montant de ce financement se situe entre 25 et 40 millions de FCFA [NDLR, entre 38 000 et 60 000 euros]. Cet investissement prend la forme d'une avance remboursable, comme un prêt à taux zéro. Il doit être remboursé en deux ans. Selon les projets, une période de paiements différés peut être obtenue avec un remboursement qui commence au bout de six mois.
Selon quels critères les entreprises sont sélectionnées ?
L'I&P est un groupe d’investissements d'impact, qui comme tous les fonds d'impact est généraliste. Autrement dit, qui finance tous les types d'activités. Mais nous cherchons prioritairement des entreprises qui proposent des services essentiels à la population et qui s’inscrivent dans des objectifs de développement durable. Il faut savoir que l'idée de ce projet vient du terrain. Nos équipes locales et fonds partenaires locaux identifient souvent des projets d'entreprises qui présentent des projets intéressants mais pas suffisamment matures pour recevoir du financement en capital. C'est aussi notre rôle d'intervenir lors de cette phase.
Avez-vous mené d'autres projets similaires dans la région ?
Nous avons réalisé jusqu'en juillet 2020 et dans le cadre du programme Partnering to Accelerate Entrepreneurship (PACE) des financements d'amorçage dans 3 pays du Sahel : le Sénégal, le Burkina Faso et le Niger. En trois ans, nous avons financé une vingtaine d'entreprises qui sont en train de nous rembourser. Cela a fonctionné surtout au Niger et a permis de financer beaucoup de femmes entrepreneuses : les deux tiers des entreprises financées ont été fondées par des femmes. C'est notamment ce programme pilote qui nous a aidés à mener ce programme I&P Accélération Sahel.
Dans la même veine, nous avons I&P Accélération Technology, un programme plus ciblé. Il ne concerne qu'une quinzaine de start-up sur l'ensemble du continent, et consiste principalement à faire du financement d'amorçage avec des montants plus élevés et toujours un accompagnement technique. Il a démarré en 2020 et s'étend sur quatre ans, comme le programme I&P Accélération Sahel.
Par ailleurs, I&P a déjà approuvé le financement de 15 entreprises dont 10 sont appuyées exceptionnellement durant cette première année du projet pour traverser la crise du Covid-19.