La technopole de Sousse, Novation City, s’étend sur 250 hectares. Comment s'articulent les différents pôles d'innovations autour de la mécatronique ?
Novation City est une société de droit privé créée en 2009 et basée sur le principe du partenariat public-privé. Elle a pour objectifs de développer un écosystème d’innovation dans le secteur mécatronique et de renforcer des activités à haute valeur ajoutée, ville numérique, transport intelligent, usine intelligente. Elle met en synergie les acteurs clefs de l’innovation en Tunisie, créant ainsi un écosystème connecté, dense et très réactif constitué d’entreprises innovantes, industrielles, des centres de recherche, des universités et écoles d’ingénieurs. Novation City aménage, gère et anime trois zones complémentaires d’excellence économique : la Mechatronic City pour développer les prototypes et solutions intelligentes ; la Business City pour développer le business et commercialiser vos produits ; l’Industrial City pour développer les industries et usines dans une nouvelle approche de gestion et de production.
Avec l'avènement de l’IA, il s’agit aussi de se positionner sur l’innovation 4.0. Selon quels mécanismes ?
Novation City abrite une multitude d'institutions spécialisées dans l'innovation. Cela comprend une école d'ingénieurs, un centre de recherche en microélectronique et nanotechnologie, un centre de ressources technologiques, une université spécialisée en intelligence artificielle, une école doctorale et une pépinière d'entreprises. Mais surtout, elle s'engage dans le développement de technologies avancées. Nous avons récemment lancé un centre d'industrie 4.0 qui a pour mission de sensibiliser les entreprises industrielles à la transition vers l'industrie 4.0 et de les accompagner dans ce processus. Nous travaillons également sur l'établissement d'un centre de compétences spécialisé en intelligence artificielle.
Nous proposons une gamme complète de services dédiés aux startups et aux porteurs d'idées dans le domaine de la mécatronique, grâce à ses programmes d'incubation et d'accélération, notamment : Starti4 Incubator (3 éditions); Starti4 Accelerator (1 édition et la 2éme sera bientôt lancée); AI Garage : un programme de pré-accélération; AI Factory : un programme d’accélération; Tunisia IoT&AI Challenge : un programme régional de pré-incubation; S-Drive : Un programme d'incubation et d'accélération spécialement conçu pour les startups spécialisées dans le domaine du transport intelligent.
Comment s’articule concrètement l’enseignement supérieur et l’univers des startups ?
Novation City a développé un cluster comprenant 150 entreprises, dont une centaine implantées dans nos zones. L'une des missions de Novation City est de comprendre les besoins en ressources humaines des entreprises et de les mettre en relation avec les instituts académiques pertinents. L'objectif est de satisfaire ces besoins en identifiant les profils adéquats ou en explorant les solutions proposées par les startups pour résoudre les problématiques spécifiques des entreprises.
En tant que membre de plusieurs conseils scientifiques et d'écoles d'ingénieurs, je suis impliqué dans des initiatives visant à rapprocher les programmes de master des besoins des entreprises. Il existe même la possibilité de co-construire des programmes de master en collaboration entre les entreprises et les universités.
Pour encourager l'entrepreneuriat et concrétiser les idées de projets des étudiants et des chercheurs, Novation City organise des hackathons, lance des appels à projets et met en place des programmes d'incubation au sein des universités, dans le cadre du nouveau programme "L'étudiant entrepreneur" qui vise à inspirer et soutenir les étudiants et les chercheurs dans le développement de leurs idées de projets et le lancement de leurs propres startups.
Pouvez-vous présenter certaines startups nées dans la technopole de Sousse et qui ont pu sortir des frontières tunisiennes ?
Il y a le robot PGUARD de Enova Robotics vendu en France et au Canada, conçu pour assurer la sécurité des zones. Enova Robotics est une entreprise spécialisée dans le développement de robots axés principalement sur la sécurité. Leurs robots, notamment le fameux PGUARD, sont présents sur le marché français et canadien. Équipé de caméras infrarouges, de radars, d'intelligence artificielle pour la reconnaissance faciale et de chatbots, ce robot est entièrement autonome, capable d'éviter les obstacles et de prévenir les dangers. Enova Robotics a commencé son parcours avec seulement deux ingénieurs, mais compte aujourd'hui une équipe d'environ une centaine de personnes en Tunisie, avec une antenne en France regroupant une vingtaine de collaborateurs.
Je peux citer aussi Proxym IT, elle a commencé avec seulement deux ingénieurs, il y a douze ans et est devenue une entreprise prospère avec plus de 300 ingénieurs. Présente sur les cinq continents, Proxym IT dispose de points de liaison commerciale et de centres de développement dans différentes zones du monde. L'entreprise se concentre principalement sur le digital, la fintech et l'e-gouvernement. Elle a mis en place des systèmes de gouvernance pour les municipalités, la police et les radars systématiques sur autoroutes. Un exemple notable de leur réussite est l'implantation de leur système dans les municipalités de Dubaï, Ajman...
Quel bilan dressez-vous de Novation City ?
Avec nos 100 startups accompagnées par an, nous comptons plus de 120 investisseurs répartis sur les trois zones de la technopole. Des investisseurs opérant dans plusieurs secteurs d'activités notamment : la mécatronique, la robotique, l'industrie métallique, l'industrie pharmaceutique, l'IT, l'agritech, la fintech, la healthtech, l'industrie automotive, l'industrie agro-alimentaire, l'industrie textile, l'industrie et la transformation des plastiques...
Nous comptons plus de 5000 ingénieurs, 10 000 employés intégrés sans notre parc industriel. Une fois que toutes les zones seront occupées, notre objectif est de recruter plus de 25 000 cadres supérieurs et plus de 35 000 employés, renforçant ainsi notre potentiel humain et notre impact économique.
Vous êtes également président de l’Association tunisienne des Technoparks, comment situer celui de Sousse dans une cartographie nationale ?
Nous avons 11 technoparks en Tunise qui sont entre privés et publics, couvrant une variété de secteurs tels que le textile, l'agroalimentaire, la chimie, les biotechnologies, l'environnement (eau, énergie), la mécatronique… La technologie étant très large, pour réussir cette stratégie, la spécialisation est de rigueur ce qui a orienté le développement de technoparcs spécialisés.
Ces technoparks sont répartis sur l'ensemble du territoire tunisien, principalement le long de la côte, mais certains sont également situés à l'intérieur du pays.
Bien que Novation City Sousse ne soit pas le plus ancien des technoparcs, il fait partie de ceux qui sont les plus dynamiques et se distingue par un écosystème très bien étoffé, composé d’écoles d’ingénieurs, de centres de recherches et d’entreprises de développement actives. Il abrite des startups prospères, attire de nouvelles entreprises chaque jour dans nos trois zones d'excellence, favorise la création de technologies innovantes et offre de nombreuses opportunités aux acteurs de notre écosystème.
La smart city a par ailleurs été construite selon une approche écologique… ?
Nous bénéficions d’un champ photovoltaïque pour produire de l'énergie verte et réduire l'empreinte carbone du projet immobilier. Les panneaux sont utilisés pour alimenter le système de sécurité de la zone et pour l'éclairage des zones communes. Nous avons également un bassin de collecte de filtration d’eaux pluviales. Cela permet de réutiliser l'eau de pluie pour l'arrosage et le nettoyage. Ce qui aidera à réduire la consommation d'eau potable et à économiser de l'argent sur les factures d'eau.