2ème partie
Afin de planifier la réponse aux défis et aux opportunités présentés par le commerce numérique et le commerce électronique, la Commission de l'Union Africaine (CUA) a organisé deux grandes conférences sur le commerce électronique en 2018 (Nairobi) et 2019 (Dakar). L'objectif principal de ces conférences était de fournir une plateforme permettant de mieux comprendre l'état actuel du commerce électronique en Afrique, les défis et les opportunités, en s'appuyant sur l'expérience des acteurs sur le terrain ainsi que d'autres régions du monde, et de discuter et préparer une feuille de route pour le développement d'une stratégie africaine en matière de commerce électronique afin de s'assurer que les pays africains maximisent les opportunités du commerce électronique et de l'économie numérique.
Vers une intégration formelle du commerce électronique dans la ZLECA
Les recommandations de la première conférence comprenaient le développement d'une stratégie de commerce électronique/numérique qui serait élaborée à partir d'une analyse situationnelle de l'état de l'économie numérique en Afrique et la création de groupes multipartites au niveau des États membres qui se concentrent sur le développement de stratégies nationales de commerce électronique.
Quant à la deuxième conférence sur le commerce électronique, elle a pris note des progrès réalisés dans l'élaboration de la stratégie de développement du commerce électronique et a recommandé la nécessité d'un programme global de renforcement des capacités pour les décideurs politiques et législateurs africains, les négociateurs, le secteur privé ainsi que d'autres acteurs clés afin de les équiper et de leur donner les compétences nécessaires pour élaborer des politiques et des lois et participer aux négociations sur le commerce électronique.
La stratégie de transformation numérique pour l'Afrique (DTS), qui a été élaborée dans le cadre d'un processus multidisciplinaire impliquant plusieurs départements de la CUA, a été adoptée lors du 33e sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'UA en février 2020.
En outre, le 33e sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'UA a lancé les négociations de la phase III de la ZLECA axées sur un protocole sur le commerce électronique. Ainsi, le commerce électronique deviendra un aspect spécifique de la ZLECA dès que le protocole sur le commerce électronique sera négocié et conclu.
Une fois que le commerce électronique sera intégré dans la ZLECA et que le protocole sera mis en œuvre, il devrait permettre de réduire les coûts de transaction, de raccourcir les délais de dédouanement et d'améliorer la gestion de la chaîne d'approvisionnement, ce qui donnera aux entreprises la possibilité d'atteindre de nouveaux marchés et de nouveaux clients, d'accroître la productivité, de renforcer l'intégration et d'élargir le choix des consommateurs. De ce point de vue, le commerce électronique a le potentiel de stimuler les exportations de telle manière que les entreprises nationales puissent pénétrer les marchés étrangers et connecter aux chaînes d'approvisionnement internationales. Ce potentiel serait encore plus grand pour les pays africains enclavés ou confrontés à d'autres contraintes géographiques, comme le Rwanda qui se positionne actuellement comme un hub technologique en Afrique de l'Est.
Un outil de relance du commerce intra-africain pour l’atteinte des objectifs de l'Agenda 2063
La phase opérationnelle de la ZLECA a été lancée le 7 juillet 2019 lors du 12e sommet extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement de l'UA. À cette occasion, un certain nombre d'instruments opérationnels susceptibles de soutenir le commerce électronique sur le continent ont également été lancés, notamment un mécanisme en ligne de notification, de suivi et d'élimination des obstacles non tarifaires, le système de paiements et de règlements numériques et le portail de l'Observatoire africain du commerce, qui fournira des informations en temps réel sur les possibilités d'exportation et d'importation dans le cadre de la ZLECA .
Dans le contexte de la ZLECA, cela signifie donc que le commerce électronique peut contribuer à accroître le commerce intra-africain, qui se situe actuellement à environ 18%, et donc aider à réaliser les objectifs du plan d'action pour la relance du commerce intra-africain et à atteindre les objectifs de l'Agenda 2063. Il peut également contribuer à stimuler la part de l'Afrique dans le commerce mondial, qui est actuellement estimée à moins de 3%.
À suivre…
Tribune (en 4 épisodes) écrite par Beatrice CHAYTOR, Experte Senior - Commerce des Services, au sein de la Commission de l'Union Africaine.