Portés par l’Histoire en marche, nos pays vont, une fois encore, devoir faire preuve d’abnégation et d’inventivité pour se réinventer. Mais pour relever avec succès les défis de ce siècle, notre appropriation effective des nouvelles technologies sera primordiale, car elles sont la clé de la révolution numérique mondiale en cours.
En 2020, plus d’un milliard d’africains possèdent ainsi un téléphone mobile ; le taux de pénétration d’internet progresse partout tandis que les solutions numériques locales, telles que le très populaire mobile banking, sont en plein développement. À cet égard, il est révélateur de constater que le monde entier regarde désormais avec intérêt nos plus talentueux entrepreneurs. À leur manière, ces hommes et femmes sont les éclaireurs de notre continent; les porteurs de flamme qui démontrent que nous pouvons être les maîtres de notre jeu.
« Encourager les solutions africaines, afin de poser les bases de cette souveraineté numérique et économique que nous appelons tous de nos vœux »
Mais pour que cette dynamique positive soit durablement enclenchée, encore faut-il encourager les solutions africaines, afin de poser les bases de cette souveraineté numérique et économique que nous appelons tous de nos vœux.
Longtemps en retard par rapport aux autres continents en termes de développement technologique, l’Afrique comble peu à peu cet écart grâce aux innovations toujours plus nombreuses qui éclosent sur son sol. De ce point de vue, nul n’ignore les changements technologiques en cours, à commencer par la jeunesse africaine. Prête à relever ce défi riche d’opportunités, il lui appartient, dès aujourd’hui, de développer des technologies utiles, qui auront un impact sur le quotidien des populations. Faisant œuvre de pionnières, plusieurs entreprises et start-up du continent ont d’ores et déjà compris la pertinence de cette démarche tout autant que la nécessité de rendre accessible l’innovation technologique, notamment d’un point de vue financier. Ainsi, au début de la crise sanitaire, la start-up malienne DIAKITE ROBOTICS s’est faite remarquée grâce à son invention « SANIA BLON », qui est un tunnel de désinfection individuel équipé d’un système de décontamination bactéricide et virucide permettant de désinfecter les passants sans nuire à leur santé, vêtements et autres objets personnels.
Pour parvenir à démocratiser cette tech africaine utile, les États africains devront cependant continuer à miser sur la formation de leurs enfants car si l’avenir de cette jeunesse est garanti, le futur du continent le sera aussi. C’est dans cette optique que la société que je dirige, FAMIB, a via sa politique de responsabilité sociétale (RSE), mis en place l’Université Virtuelle UVPP KINGUI pour permettre à la jeunesse africaine d’accéder à un enseignement supérieur de qualité, où qu’elle soit. C’est ce type de besoins - en termes de formation mais aussi d’infrastructures de production, de transport et d’électricité - qu’il faut de toute urgence combler car ce sont eux qui expliquent en partie le retard de développement de notre continent.
Parmi les solutions africaines offertes par les nouveaux outils numériques, l’optimisation du sourcing (processus de recherche et d’évaluation entre différents fournisseurs/candidats pouvant répondre à un besoin spécifique d’une entreprise) est l’une des pistes les plus prometteuses. Particulièrement lorsque cette démarche repose sur le formidable levier d’action que constituent les réseaux sociaux (Facebook, LinkedIn, WhatsApp, WeChat…), plébiscités par notre jeunesse. Ce sont de puissants moteurs de croissance de la tech continentale, accessibles par de multiples canaux (smartphones, tablettes, ordinateurs), et qui prouvent, si besoin en était, que l’Afrique n’a aucun complexe à avoir vis-à-vis des géants numériques mondiaux.
« Parmi les canaux d’une tech africaine utile, outre les applications possibles dans l’exploitation de nos ressources naturelles, l’Afrique pourrait en particulier penser à développer plus son industrie du logiciel »
Parmi les canaux d’une tech africaine utile, outre les applications possibles dans l’exploitation de nos ressources naturelles, l’Afrique pourrait en particulier penser à développer plus son industrie du logiciel. Contrairement aux autres secteurs, qui nécessitent de grosses infrastructures et un savoir-faire très poussé, la filière du logiciel n’a besoin que d’intelligence. Seule la matière grise compte, ce qui signifie que nous disposons en Afrique du même atout que le reste du monde ainsi que du même temps imparti (où que nous soyons, une journée fait 24 heures…) pour réaliser nos ambitions. Des écosystèmes entiers, fondés sur la créativité et la propriété intellectuelle, ont été bâtis ainsi avec succès, à l’image de la Silicon Valley américaine. Avoir un équivalent africain serait un atout inestimable pour notre continent car nous avons des jeunes pleins d’idées qui ne recherchent qu’un terreau favorable pour les tester et les matérialiser.
C’est dans cet état d’esprit que nous apportons notre contribution en développant des solutions technologiques pour répondre aux besoins du continent. On citera en particulier notre réseau social KINGUI SOCIAL, une solution digitale conçue en Afrique et qui propose, outre les fonctionnalités traditionnelles des réseaux sociaux, une plateforme de visioconférence KINGUI VISIO - lancée au début de la pandémie de Covid comme outil de télétravail. Autre exemple d’innovation africaine née d’un besoin spécifique, la pointeuse par lecture d’empreinte digitale E-WAATI, développée par des jeunes informaticiens maliens et conçue pour contrôler les heures d’arrivée et de départ des salariés afin de faciliter la tâche du département des Ressources Humaines. C’est ce dispositif que nous utilisons au sein de notre groupe.
« Une innovation ne doit pas être un facteur de marginalisation mais au contraire, être accessible au plus grand nombre »
Pour terminer, je donnerai un ultime conseil aux jeunes inventeurs et innovateurs du continent : pensez à couvrir l’ensemble de la population car pour moi une innovation ne doit pas être un facteur de marginalisation mais au contraire, être accessible au plus grand nombre.