4,3 milliards de dollars. C’est le montant levé par les start-up africaines en 2021, plus du double du montant de l’année précédente (1,7 milliard de dollars), selon les estimations du site spécialisé Africa, The Big Deal. Dans le détail, 818 tours de table ont été comptabilisés au cours de la période (dont 754 levées de fonds supérieures à 100 000 dollars)- un chiffre en hausse de 73 % par rapport à 2020 - avec plus de 800 investisseurs impliqués dans au moins une transaction. Et si certaines tendances observées au cours des précédentes années semblent s’être prolongées en 2021, à commencer par la prédominance de la zone anglophone et une concentration des fonds sur la Fintech, l’année écoulée s’est caractérisée par une diversification géographique et sectorielle accrue au niveau des opérations de capital-investissement.
« 2021 a été une année de croissance extraordinaire pour la scène des start-up en Afrique, relève pour sa part Max CUVELIER, du site The Big Deal, qui précise en préambule de son analyse que « l'Afrique du Sud est le seul marché continental à afficher une forte croissance constante » depuis le lancement de leur base de données en 2019 : de moins de 100 millions de dollars en 2019, à près d'un milliard de dollars en 2021 ! Les trois autres grands marchés africains du private equity- le Kenya, le Nigeria et l'Égypte - affichent également une croissance sur la période, mais selon des schémas différents : le Kenya a ainsi connu une année 2020 particulièrement faste, le pays étant alors en tête du classement, mais n'a pas réussi à maintenir les mêmes niveaux en 2021. Le Nigéria a de son côté enregistré une baisse d’activité en 2020 mais a rebondi massivement en 2021, grâce à quelques « mega-deals ». Quant à « l'Égypte, plus lente initialement dans sa croissance, sa progression en 2021 a été la plus forte du groupe puisque le montant des opérations financées a été multiplié par 4,2 par rapport à l’année précédente », détaille Max CUVELIER.
Par ailleurs, si l’Afrique du Sud, le Kenya, le Nigéria et l’Égypte restent largement en tête du classement, avec 81% du total des fonds levés, d’autres destinations du continent montent en puissance. Les équipes de The Big Deal notent ainsi que « quelques pays ont connu une croissance constante entre 2019 et 2021, tels que le Sénégal (même sans compter le tour de table de 200 millions de dollars de la start-up américano-sénégalaise Wave), la Tanzanie, le Cameroun et la Tunisie » tandis que « le Maroc, le Rwanda et la Côte d'Ivoire ont affiché de forts taux de croissance entre 2020 et 2021, avec un plus que triplement des fonds levés pour les deux premiers pays ».
À l’inverse, l’Ouganda, le Ghana et surtout l’Éthiopie, ont vu une contraction de leur activité associée au capital-investissement l’année dernière, « la plus grande contre-performance [venant] de l'Éthiopie, passée de plus de 10 millions de dollars de fonds levés en 2020 à 3,5 millions de dollars de financement en 2021 ».
Une éclosion de licornes
En attendant de savoir si le géant de la Corne de l’Afrique se relèvera en 2022, 2021 a vu l’éclosion de plusieurs licornes africaines, avec douze méga-deals de plus 100 millions de dollars conclus en 2021, contre 2 seulement en 2020. De même, si la fintech reste le secteur de prédilection des investisseurs, avec 2,3 milliards de dollars levés (53 % du total des financements), l’intérêt pour les plateformes de transport/logistique et l’e-santé s’est renforcé, ce dernier secteur ayant sans doute été boosté par la pandémie de Covid 19.
Seul point noir, et qui perdure : la prédominance des hommes à la têtes des start-up qui ont réussi à lever des fonds. Seul 1% de ces jeunes pousses sont dirigées par des femmes. Lesquelles peinent toujours à accéder au financement.
Des investisseurs occidentaux qui font appel à des partenaires locaux pour mieux évaluer le risque
Quant aux investisseurs, l’étude de The Big Deal souligne qu’une majorité des capital-risqueurs impliqués dans les opérations vient des pays occidentaux mais que ces financiers se font de plus en plus accompagner par des partenaires locaux, qui connaissent les risques et appréhendent mieux les potentialités du marché. Une autre tendance à suivre…