Un centre de traitement de l’information, un pôle d’affaires, un incubateur, des espaces de formation et de recherche dotés d’installations dernier cri… Le nouveau parc technologique du Cap-Vert, appelé TechPark, qui doit ouvrir ses portes en juin prochain à Praia, résume à lui seul les ambitions numériques de l’archipel : se positionner comme un hub technologique dans la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l’espace communautaire auquel est rattachée la petite nation insulaire (4 033 km2 de superficie). Et au-delà, comme la « porte d’accès à l’Afrique » pour les grandes compagnies internationales du secteur.
« Attirer de grandes entreprises internationales à s'installer afin d’aider les entreprises et start-up locales à devenir plus compétitives »
Annoncé il y a cinq ans, le TechPark- un projet estimé à 40 millions d’euros et financé par la Banque africaine de développement (BAD) et l’État du Cap-Vert - devrait être une étape décisive dans la réalisation de cet objectif. Situé à 3 km de l’aéroport international de Praia, ce technopôle - qui s’étendra à terme sur une superficie de 50 hectares- s’inscrit de fait dans la stratégie globale du pays de promouvoir l’innovation et le développement des entreprises tech, un secteur considéré comme un levier stratégique pour la croissance future du pays, encore très dépendant du tourisme (25 % du PIB) et des envois de fonds de sa nombreuse diaspora (700 000 personnes pour une population cap-verdienne de 550 000 habitants). Pas étonnant dans ces conditions que les autorités mettent le paquet pour relever ce nouveau défi de l’économie numérique.En visite sur le chantier du technopôle, en octobre dernier, Olavo CORREIA, le ministre des Finances et vice-Premier ministre du Cap-Vert, a ainsi rappelé que« des incitations fiscales, parafiscales et autres », seraient accordées « pour attirer de grandes entreprises internationales à s'installer [afin] d’aider les entreprises et start-up locales à devenir plus compétitives ».
Une plateforme de services digitaux vers l’Afrique
Mais au-delà des retombées positives attendues- création d’un millier d’emplois directs et autant indirectement ; 7,5 millions d’euros de recettes annuelles moyennes escomptées au cours des cinq premières années d’activité- le TechPark permettra également de renforcer significativement la formation aux nouveaux métiers du numérique. Un volet indispensable pour devenir un jour une plateforme reconnue de services digitaux vers l’Afrique, et qui est porté résolument par le gouvernement cap-verdien. Fin mai, les autorités du pays et la plateforme de formation panafricaine 01Talent ont ainsi signé un accord de coopération pour la création, au sein même du technopôle, de la première « zone d’intelligence collective », appelée Zone01 Cap-Vert. Au total, selon les organisateurs, 300 jeunes talents du Cap-Vert et de 26 autres pays africains, sélectionnés sur la base de leur mérite, de leurs compétences ainsi que de leur motivation, suivront un cursus pédagogique dans les domaines de la programmation numérique et des métiers du code, avec des solutions fournies par la société de service informatique française Atos.
Accélérer le processus de transformation digitale du pays
L’initiative Zone 01 Cap-Vert devrait ainsi contribuer à accélérer le processus de transformation digitale du pays…et créer au passage nombre d’opportunités pour la jeunesse locale, les porteurs du projet évaluant à 3 000 les créations nettes de postes de développeurs au cours des dix prochaines années sur l’archipel. Représentant le gouvernement cap-verdien lors de la signature de l’accord avec 01Talent, Pedro LOPES, Secrétaire d’État pour l’Innovation et la formation professionnelle, a de fait rappelé que « la jeunesse [était] la priorité, le capital humain le plus précieux et le moteur de la transformation digitale », avant de conclure en affirmant qu’il n’y avait pas « meilleure manière de préparer l’avenir, que de former la jeunesse pour relever tous les défis technologiques et humains de l’avenir […] ». Quant à l’ambition ultime du Cap-Vert de devenir « une référence sur le continent africain en matière de technologie », dixit le Secrétaire d’État précité, elle commence à prendre forme. Lentement mais sûrement : référence en la matière, l’indice mondial de l’innovation, élaboré par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, a intégré pour la première fois le pays dans son classement 2020 (100e sur 131), alors qu’il en était jusqu’alors absent.
Champion africain en termes d’E-gouvernement
Le Cap-Vert figure également dans le peloton de tête (8e au niveau continental) des pays africains classés par l’E-Government Development Index (EGDI), un indice de l’ONU qui prend en compte les services en ligne proposés par les pouvoirs publics, le capital humain et les infrastructures de télécommunication.Du reste, sur ce dernier point, l’archipel devrait continuer à renforcer son attractivité numérique, et à nourrir ses ambitions, avec la connexion récente au câble optique sous-marin EllaLink, effective depuis fin 2020. Un accès à internet de plus pour un pays qui cultive plus que jamais son ambition d’être « la porte d’accès à l’Afrique ».