Déterminé à développer une économie du savoir, basée notamment sur les technologies d’information et de la communication, le Rwanda consacre aujourd’hui plus de 310 millions de dollars à l'éducation, soit près de 10 % de son budget annuel (3,4 milliards de dollars pour l’année fiscale 2020/2021). Un effort financier qui profite en particulier au programme national « Smart Classroom (Classe intelligente)». Opérationnel depuis 2016, cette initiative vise à équiper les établissements rwandais d'une infrastructure informatique facilitant la numérisation des processus d'apprentissage et d'enseignement, et ce à tous les niveaux de l’enseignement (primaire, secondaire, supérieur ainsi que centres de formation professionnelle) et pour toutes les matières (informatique mais aussi histoire, biologie, chimie….). Au total, selon les données du ministère rwandais de l'Education- qui gère le programme au côté du ministère des TIC et de l'Innovation et de partenaires tels que l’UNICEF- c’est quelques 1 783 écoles secondaires et 365 écoles professionnelles (52 % du total des établissements concernés) qui avaient accès à ce système de « classes intelligentes » en août cette année. Quant aux écoles primaires, plus de 4 000 d’entre elles (35 % des établissements concernés) étaient connectées à internet à la même date.
Des classes équipées d'ordinateurs portables connectés à internet et d'un projecteur
Concrètement, les classes estampillées « smart classrooms » se composent, outre le mobilier scolaire habituel (tableau, tabes, chaises…), d'ordinateurs portables connectés à l'internet ainsi que d'un projecteur. Le nombre de ces salles varie néanmoins suivant les écoles (de deux à quatre par établissement le plus souvent) tandis que chacune d’elles ne peut dépasser 50 ordinateurs pour autant d'élèves.
Située dans l’agglomération de Kigali, l'école secondaire de Kagarama est l'un des établissements équipés de telles salles. A la grande satisfaction du directeur des études, Sam NKURUNZIZA. « Auparavant, les étudiants obtenaient leur diplôme sans aucune compétence en matière de TIC. Un vrai problème car c'est une nécessité sur le marché du travail. Mais aujourd'hui, avec les salles de classe intelligentes, nous sommes en mesure de donner à nos étudiants ce dont ils ont besoin. Une expérience pratique et des compétences concrètes », se réjouit le responsable scolaire. Mieux, loin de ne profiter qu’aux élèves, les « smart classrooms » bénéficient aussi aux enseignants. Depuis 2016, le ministère de l'Education, en partenariat avec le ministère des TIC et de l'innovation, « forme ainsi régulièrement des cohortes d'enseignants sur ces nouveaux outils numériques, avec des sessions de formation continue, qui se sont poursuivies pendant les confinements liés au Covid-19 », rappelle Christine NIYIZAMWIYITIRA, la cheffe du département TIC au Rwanda Basic Education Board.
Un dispositif qui reste hors de portée dans nombre de régions
Il n’empêche, alors que le Rwanda ambitionne d’étendre le programme à 82 % des écoles primaires et secondaires d’ici 2024, la mise en œuvre effective du dispositif reste hors de portée dans nombre de régions, et ce en raison d'infrastructures limitées (manque d'électricité et de connectivité) et de salles de classe insuffisantes. De fait, selon les données de l'Institut national des statistiques du Rwanda, 34 % des ménages rwandais n'auraient pas accès à l'électricité et 35 % de la population seulement serait en mesure d’utiliser internet. Une situation qui fait dire à Prudence IRAGUHA, enseignante et militante des droits des étudiants, que ces écoles hors du programme « Smart Classroom » seront les plus difficiles à couvrir, à cause des lourds investissements exigés. « Si je salue la volonté politique du gouvernement […], je pense qu'il faudra beaucoup plus de temps pour équiper les écoles en électricité et en Internet et pour s'attaquer au problème des classes surchargées », tempère Prudence IRAGUHA.
Plus de 22 500 salles de classe, d'une valeur de 212 millions de dollars, construites à fin septembre 2020 dans l'ensemble du pays
Pas de quoi décourager cependant les autorités rwandaises, qui redoublent aujourd’hui d’efforts pour connecter les écoles à l'électricité et à internet, « les équipes du Ministère de l’Education [collaborant] notamment avec celles du Ministère des Infrastructures pour donner la priorité à la construction d'écoles et à l'électrification des établissements existants », précise Christine NIYIZAMWIYITIRA. Au total, ce sont plus de 22 500 salles de classe, d'une valeur de 212 millions de dollars, qui ont été construites à fin septembre 2020 dans l'ensemble des 30 districts du pays, avec un appui financier de la Banque mondiale.