Depuis le 15 juillet dernier, le Cameroun et le Gabon sont interconnectés par un câble de fibre optique long de 22 Km, qui va de Bitam (Gabon) à la ville frontalière de Kyé-Ossi (Cameroun). Inaugurée en présence de la ministre camerounaise des Postes et Télécoms, Minette Libom Li LIKENG, et du ministre d’État gabonais en charge de la Communication et de l’Économie numérique, Edgar Anicet MBOUMBOU, cette interconnexion devrait de fait faciliter et améliorer la qualité des échanges digitaux entre le Cameroun et le Gabon, grâce à une meilleure connexion à l’internet, estiment les experts. La nouvelle infrastructure, qualifiée par Madame LIKENG « d’avancée importante dans le processus d’intégration numérique », devrait par ailleurs permettre un désenclavement numérique des zones frontalières des deux pays. Mais plus encore, la valeur de cette jonction transnationale à la fibre optique tient au fait qu’elle s’inscrit dans le projet régional de dorsale de télécommunications d’Afrique centrale, le Central African Backbone (CAB).
« Accroître en capacité et en qualité, l’offre de services de télécommunications »
Lancé en 2007 et financé par les États de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (la CEMAC qui comprend le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République de Centrafrique et le Tchad) ainsi que plusieurs bailleurs de fonds (Banque mondiale, Banque africaine de développement et Union européenne notamment) - à hauteur de 273 millions de dollars - le CAB vise le maillage en fibre optique de la région. Un projet qui devrait de facto accroître en capacité et en qualité l’offre de services de télécommunications (taux de disponibilité attendu à 99,99%, conforme aux normes de l’Union internationale des Télécommunications) dans cet espace communautaire de 3 millions de km2 et de près de 60 millions d’habitants.
Quant au déploiement effectif de cette « dorsale », il a été réalisé sous la forme de programmes nationaux, avec des pays veillant à l’interconnexion de ces infrastructures entre les États. C’est précisément dans ce contexte que s’inscrit la récente inauguration du point d’interconnexion à la fibre optique entre le Gabon et le Cameroun. Plus tôt, fin 2020, c’est une autre jonction interétatique qui était achevée entre le Cameroun et la République du Congo, elle-même précédée de plusieurs autres (interconnexion Congo-Gabon en avril 2018, Cameroun-Tchad en mars 2015…).
« Longtemps pénalisée en raison d’un faible accès à l’électricité et d’un manque d’infrastructures numériques, l’Afrique centrale rattrape aujourd’hui son retard sur le reste du continent »
Autant d’investissements destinés à renforcer l’accès des pays de la sous-région à internet, historiquement peu connectée (12 % de taux de pénétration en 2018, le plus faible niveau mondial d’alors), et qui portent enfin leurs premiers fruits.
Longtemps pénalisée en raison d’un faible accès à l’électricité et d’un manque d’infrastructures numériques, l’Afrique centrale rattrape aujourd’hui son retard sur le reste du continent, comme le montre le dernier rapport annuel de la plateforme sociale Hootsuite et de l'agence spécialisée We Are Social, qui place désormais la région devant l’Afrique de l’Est (26 % de taux de pénétration contre 24 %)… Mais encore loin derrière l’Afrique australe (62 %), la championne continentale en la matière.
« Optimistes, les opérateurs économiques voient le verre à moitié plein dans ce gisement de croissance en devenir et font, eux aussi, le pari de miser sur la fibre optique »
Optimistes, les opérateurs économiques voient pour leur part le verre à moitié plein dans ce gisement de croissance en devenir et font, eux aussi, le pari de miser sur la fibre optique. Dernier exemple en date, l’annonce récente- en juillet- du partenariat entre Liquid Intelligent Technologies (LIT) - filiale du zimbabwéen Econet Wireless - et le géant américain des réseaux sociaux Facebook pour construire un réseau terrestre de fibre optique en République démocratique du Congo (RDC). Long de 2 600 kilomètres, le câble reliera l’Afrique d’Est en Ouest par la RDC, pour se connecter au câble sous-marin 2Africa, sur la côte Atlantique. Un chantier pharaonique pour lequel LIT a levé 180 millions de dollars auprès de la société d’investissement britannique CDC, fin 2018, et dont les retombées financières pourraient être à la mesure du potentiel de développement numérique de la région, énormes.