Inauguré le 11 juin à Tunis, en présence notamment des autorités tunisiennes et de l’Ambassadeur de l’Union Européenne, Marcus CORNARO, The Dot se veut « le premier hub d’innovation digitale en Tunisie ». Une ambition portée par un collectif d’institutions : outre le chef de file Smart Tunisia - un programme destiné à soutenir le développement du secteur numérique en Tunisie - la Fondation Tunisie pour le Développement a fourni les locaux tandis que les agences publiques de coopération française (Expertise France) et allemande (GIZ) ont apporté assistance technique et soutien financier.
Situé dans l’élégant quartier des Berges du Lac, l’incubateur déploiera ses activités dans un bâtiment flambant neuf de 2900 m2, où rien n’a été laissé au hasard pour choyer les occupants : postes de travail en open space, salles de réunion, espaces de formation et d’événementiel, studio de podcasts, anticafé, labs d’innovation (sur l’intelligence artificielle et les technologies mobiles notamment), services d’assistance aux entreprises locales et étrangères…
« Créer une dynamique d’innovation, de transformation et d’entrepreneuriat »
L’objectif de l’initiative - « créer une dynamique d’innovation, de transformation et d’entrepreneuriat » - vaut bien, il est vrai, ces multiples marques d’attention. Mais pour y parvenir, il faudra travailler en priorité sur « trois grands axes », prévient d’ores et déjà Zeineb MESSAOUD, la Directrice de The Dot, la réussite passant selon elle par « l’hébergement et l’accompagnement des start-up innovantes » (une quinzaine pour l’heure), « la structuration des services publics » et plus largement, par « le renforcement de la transformation digitale ». Autre point-clé, le plan « entrepreneuriat des régions », cherchera quant à lui à encourager et développer les initiatives en dehors de la capitale, et ce « notamment grâce à toute une série de plateformes virtuelles (conférences, formations…) », précise la responsable de l’incubateur.
L'ambitieux projet a pourtant failli ne jamais voir le jour. Tout commence en février 2018, lors de la visite du président français Emmanuel MACRON en Tunisie. Présent aux côtés du chef de l'État, Xavier NIEL, le fondateur du groupe de télécommunications Iliad - maison mère de Free et Free mobile -, évoque l’idée de dupliquer à Tunis ses deux plus emblématiques initiatives parisiennes, la célèbre Ecole 42 - une formation gratuite aux métiers du numérique - et l’accélérateur de startup de la Station F. Une étude de faisabilité est lancée dans la foulée… Mais celle-ci conclura vite au caractère « inadapté » du projet pour « les besoins de la société tunisienne ».
« Elaborer un format plus adapté, en renforçant notamment la dimension entrepreneuriale du projet et en insistant plus sur la question de l’employabilité »
En cause, selon Zeineb MESSAOUD, un « concept initial ne [répondant] pas vraiment à la question du chômage des jeunes diplômés », endémique dans le pays. Tirant les conséquences de ce rapport, les porteurs tunisiens du projet, Smart Tunisia et la Fondation Tunisie pour le Développement, décident alors d’élaborer « un format plus adapté, en [renforçant] notamment la dimension entrepreneuriale du projet », rapporte la Directrice de The Dot. Cette nouvelle orientation pro-entreprise devrait passer en particulier par la mise en place de 9 programmes d’appui spécifiques, allant « de la pré-incubation au financement » ainsi que par un service d’accompagnement des entreprises étrangères qui proposera, « pour une durée de quatre mois, […] l’hébergement, l’accès à des experts, l’accès à des données et tout le network partenaires », détaille Zeineb Messaoud. Enfin, décidée à agir à la racine du « problème de l’employabilité des jeunes » , la direction de l’incubateur prépare le lancement de sa propre académie. Annoncée pour janvier 2022, l’académie The Dot, financée par la GIZ, s’est ainsi fixée pour objectif de former 5000 jeunes aux métiers de la tech.
De quoi renforcer, en cas de succès, un peu plus l’économie numérique tunisienne qui, avec de bonnes infrastructures (la troisième meilleure connexion mobile du continent, selon le Speedtest Global Index), un large réseau d’incubateurs (43 contre 25 au Maroc), 1 200 entreprises, 100 000 emplois cumulés et une croissance annuelle de 7,5 %, est d’ores et déjà l’une des plus performantes du Maghreb.