Pari réussi pour VivaTech. Repoussée pour cause de pandémie, la cinquième édition du salon technologique parisien - grand rendez-vous du numérique européen - s’est finalement tenue du 16 au 19 juin et a vu converger près de 140 000 visiteurs dont 26 000 en présentiel et 114 000 en virtuel, selon les chiffres communiqués par les co-organisateurs de l’événement, le quotidien Les Échos et le groupe Publicis. Comme lors des années précédentes, de nombreux professionnels de la tech africaine ont fait le déplacement, pour présenter leur projet et rencontrer investisseurs et clients, à l’image d’Ursula NDOMBELE.
Originaire de la République Démocratique du Congo, l’entrepreneuse est venue présenter Hoja, une application qui sécurise le transport en taxi à Kinshasa, grâce notamment à un service de certification. Lancée en 2018, la startup - basée à Amiens et dont le nom signifie « se déplacer » en swahili - a vu son activité « réellement décoller l’année suivante », se rappelle la jeune femme, la signature d’un contrat avec l’hôtel de ville de Kinshasa permettant alors à [l’entreprise, ndlr] « de passer un cap ».
« Nous avons rencontré 2 ou 3 investisseurs potentiellement intéressés, avec qui on a partagé des pitch days, et on a par la suite poursuivi les échanges »
La plateforme Hoja revendique aujourd’hui 20 000 usagers enregistrés. Un succès qu’Ursula NDOMBELE cherche à pérenniser, via notamment la constitution d’alliances stratégiques. C’est là tout l’enjeu d’événements tels que VivaTech, l’entrepreneuse congolaise voyant dans le salon à la fois « la possibilité de lever des fonds » et de « nouer des partenariats sur le plan technologique ». Un pragmatisme assumé qui semble lui avoir réussi : faisant le bilan de sa seconde participation à VivaTech, la dirigeante d’Hoja se félicite ainsi d’avoir échangé avec une start-up qui pourrait devenir un « partenaire technique » et d’avoir rencontré « 2 ou 3 investisseurs potentiellement intéressés, avec qui elle a partagé des pitch days et poursuivi par la suite les échanges ».
« Notre cible, c’est le marché européen, et VivaTech est le plus grand évènement tech d’Europe, d’où notre participation »
Pour Anis SAHBANI, le patron de la start-up tunisienne Enova Robotics, également présent au salon VivaTech, l’objectif était quelque peu différent, l’ambition affichée étant en premier lieu la conquête du marché européen. Or, « VivaTech est le plus grand évènement tech d’Europe, d’où notre participation - pour la troisième fois - et ce « même si cette année, nous étions en visioconférence et non en présentiel », rappelle le spécialiste en robotique qui s’est par ailleurs réjoui du niveau global de participation, « très impressionnante cette année ».
L’entrepreneur tunisien, qui a réalisé en juin 2018 la plus grosse levée de fonds pour une start-up dans son pays (1,5 million d’euros), a également confirmé préparer un nouveau tour de table financier, nouant dans cette optique des contacts avec plusieurs grands groupes participant au salon, parmi lesquels Orange, La Poste, EDF… Autant de points positifs qui font dire au PDG d’Enova Robotics que « ce genre d'événement crée une dynamique et favorise les échanges ».
C’est cette même dynamique positive qu’est aussi venue chercher Morad ATTIK, co-fondateur avec son frère Rabah d’Evolukid, un « Netflix » de l’éducation dédié à l’apprentissage des nouvelles technologies (programmation, robotique, électronique…) et destinée notamment aux plus jeunes. « Quand on a fondé Evolukid il y a cinq ans, l’idée était de démystifier et rendre accessible les nouvelles technologies pour préparer les nouvelles générations aux enjeux de demain », explique, pédagogue, cet ancien professeur de Mathématiques pour qui « le défi est d’initier le maximum de personnes à ces outils afin de ne pas laisser la technologie à une minorité ». Cette ambition s’est, de fait, déjà partiellement concrétisée en Afrique puisque les autorités guinéennes ont demandé aux deux frères entrepreneurs de monter un programme en faveur de 15 écoles, à travers un suivi à distance. Suivi par l’UNICEF, le projet était d’ores et déjà destiné à être dupliqué ailleurs en Afrique de l’Ouest, avant que la pandémie de Covid ne vienne chambouler la donne…
« L’histoire des salons, c’est de prendre des cartes, puis de les travailler au corps par la suite, ce qui peut mettre six mois à un an avant d’aboutir »
En attendant la reprise du programme, Evolukid a participé à son second VivaTech, invitée par le cabinet d'audit KPMG en tant que start-up innovante, « un gage de qualité et de sérieux », selon Morad ATTIK. Lucide sur la nature souvent aléatoire et sinueuse de l’exercice, le DG d’Evolukid rappelle toutefois, que « l’histoire des salons, c’est de prendre des cartes, puis de les travailler au corps par la suite, ce qui peut mettre six mois à un an avant d’aboutir ». En somme, après avoir été vu, faut-il encore convaincre…