« Après des années de records, l'écosystème tech africain traverse actuellement une pandémie mondiale et la crise multiforme qu'elle a engendrée. Cette année, l'histoire sera donc certainement différente ? » Non, répondent les analystes de Partech Africa. À la lumière de leurs conclusions publiées dans leur traditionnel rapport annuel sur les startups africaines, la plateforme démontre, chiffres à l'appui, que l'écosystème tech africain poursuit sa forte croissance. Avec 307 millions de dollars investis dans des startups technologiques en 2020, rythmée par un plus grand nombre de levées de fonds que l'année précédente et la digitalisation accrue de secteurs économiques fondamentaux. Ce qui révèle que « l'investissement tech de venture capital est en train de redéfinir de façon significative la taille du Private Equity en Afrique, et au-delà, les économies du continent ».
« L'investissement tech de venture capital est en train de redéfinir de façon significative la taille du Private Equity en Afrique, et au-delà, les économies du continent »
Ainsi, selon l'étude intitulée « 2020 Africa Tech Venture Capital Report », l'écosystème technologique africain continue de s’accélérer inexorablement, avec 359 tours de table (+44 % en glissement annuel) pour un financement total de capital-risque de 1,43 milliard de dollars, soit -29 % en glissement annuel, alors que le contexte de Covid-19 réduit de 60 % le montant moyen des billets de croissance.
Autrement dit, il y a eu plus d'investissements en faveur des startups africaines, mais moins d’argent investi au final. Ce qui s'explique par les effets de la crise Covid-19. « Au moment où nous avons rédigé ce rapport, explique les rapporteurs, ce qui est ressorti est l'histoire du marché du capital-risque qui connaît la croissance la plus rapide ; avec une activité qui a augmenté de près de la moitié, attirant un plus grand nombre d’investisseurs uniques. Un plus grand nombre d'entre eux investissent plus fréquemment et parient à long terme sur la façon dont la technologie transforme cette région et crée de la valeur. » Avant de nuancer : « Oui, les chiffres ont également montré l'effet d’une crise qui a enraciné les investisseurs mondiaux, entraîné l’incertitude des tendances macroéconomiques et gelé les villes africaines frénétiques. À certains égards, il y a eu un ralentissement, car les processus des investisseurs ont été perturbés, les fondateurs ont retardé les tournées pour des temps meilleurs, les paris sur les gros billets devenant plus difficiles. »
« L'écosystème est résistant, il est même stimulé par la numérisation accélérée de certains secteurs économiques clés »
Ceci étant dit, l'équipe de Partech confirme, à son tour, la résilience de l'écosystème panafricain et parie sur un avenir plus que prometteur. « Quelques mois après le début de la crise, il est devenu évident que non seulement l’écosystème est résistant, mais qu’il est même stimulé par la numérisation accélérée de certains secteurs économiques clés. Mieux encore, nous avons vu un trio de sorties très médiatisées - Paystack (lire l'interview d'Eric YOUNG) , DPO et Sendwave - commencer à apporter des réponses positives aux questions de création de valeur et de résultats pour les fondateurs et les investisseurs. Nous sommes impatients de les voir devenir les premiers chapitres d’une histoire de sorties qui pourraient être, comme tout ce qui a été dans cet écosystème jusqu’à présent, bien au-delà de nos attentes. »
Dans le détail, le rapport livre des éléments clés sur l'évolution de cet écosystème et son attractivité. À commencer par le profil des investisseurs. Plus nombreux (+24 % par rapport à l’année précédente), ceux-ci sont également plus engagés sur le marché : 108 investisseurs ont réalisé 2 transactions ou plus, et parmi eux, 22 ont été très actifs avec au moins 5 transactions.
Quant au secteur le plus attractif, sans surprise, la FinTech reste en tête avec 25% des investissements. Suivent l'AgriTech, en seconde position avec 13% des montants investis récoltant 179 millions de dollars ; la logistique et la mobilité, avec 157 millions de dollars ; l'énergie, 148 millions de dollars ; et la santé, 141 millions. Et par conséquent, le Nigéria, pépinière de FinTech, conserve sa première place avec US$ 307 M investis, suivi du Kenya, de l'Égypte et de l'Afrique du Sud ; tandis qu'en nombre de transactions, c'est l'Égypte qui passe en tête avec 86 transactions recensées, soit une croissance de +83% par rapport à l’année précédente. Si les 4 pays se démarquent toujours en représentant 80% des montants investis sur le continent, cette année c’est 26 pays au total qui ont attiré des investissements. Quant aux profils des entrepreneurs, on note que 13% des tours de financement ont été réalisés par des startups fondées par des femmes, soit 4 points de moins qu’en 2019 (17%), mais ces startups représentent 14% des montants investis cette année, en légère hausse par rapport aux 13% de 2019.
À noter que l’étude a été réalisée à partir des opérations de capital-risque dans le domaine de la technologie et du numérique qui ont dépassé les 200 000 dollars US, dans les startups africaines.