Le numérique prend racine au Bénin. Partout dans ce pays surnommé le « quartier latin » de l'Afrique, les citoyens ont accès à plus de 250 services en ligne via la plateforme d’interopérabilité de services publics, lancée début 2021. Ses services couvrent plusieurs secteurs et sous-secteurs tels que le domaine et le foncier, les transports, le commerce, les opérations portuaires, l’état civil et la citoyenneté, l’immigration et l’émigration, les finances, l’éducation, la fiscalité, les investissements publics et privés, la justice, la fonction publique et l’agriculture.
Dans le secteur de l’éducation par exemple, les inscriptions aux examens et concours nationaux et dans les écoles et universités publiques se font en ligne depuis peu. Des modules de cours en ligne sont également développés dans plusieurs structures publiques d’enseignement supérieur. Mais la réalisation qui fait la fierté des autorités dans le secteur de l’éducation est la mise en place de la plateforme eresultats.bj, qui sert à proclamer les résultats de tous les examens et concours nationaux toutes catégories confondues.
2.200 km de fibre optique et un maillage territorial serré
Avant de procéder à la dématérialisation des services de son administration publique, le Bénin a procédé au maillage infrastructurel de son territoire national. Plus de 2 200 km de fibre optique ont été déployés aux quatre coins du pays (la superficie du Bénin s’étale sur 112 622 km2) de sorte à parvenir à des boucles métropolitaines. Des points numériques communautaires (PNC) ont été installés dans de nombreuses localités en dehors des agglomérations urbaines dans le but d’améliorer l’accès au haut débit. Le taux de pénétration d’Internet est ainsi passé « de 20 % en 2015 à 53 % en 2019 », selon les derniers chiffres de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et de la Poste (ARCEP-BENIN).
Le pays a par ailleurs créé une école de fibre optique et du numérique qui a vocation de soutenir le déploiement et la maintenance de réseaux très haut débit ainsi que le développement des usages du numérique dans l’économie. Il a également construit un data center et plusieurs infrastructures de dernière génération, dont un incubateur de start-ups baptisé Sèmè-One.
Cet incubateur implanté sur 44250 m2 dans le hub technologique Sèmè-City accueille déjà des entrepreneurs, chercheurs, porteurs de projets et étudiants spécialisés dans les nouvelles technologies. Appelée aussi « La cité Internationale de l’innovation et du Savoir », Sèmè City se construit par phases successives jusqu’à l’horizon 2030. Elle affiche l’objectif de créer à terme plus de 100.000 emplois, dont au moins 1/3 d’auto-emplois et 40% par des femmes.
Naturellement, le Bénin enregistre l'éclosion d'un système entrepreneurial lié à l'essor des TIC. Des jeunes pousses innovantes naissent dans cet environnement favorable, à l’instar d’EcoCity, une start-up incubée par le hub technologique Sèmè-City qui installe des potagers sur les toits des immeubles à Cotonou ou encore de REMA (Réseau d’Échange entre Médecins d’Afrique), qui met en contact des médecins du continent pour réduire le nombre d’erreurs médicales.
369 milliards pour accompagner la transformation numérique
Pour mettre en application sa stratégie de numérisation de l’économie, le gouvernement béninois a créé de nouvelles structures institutionnelles comme l’Agence nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (Anssi), l’Agence des Services et Systèmes d’Information (Assi), qui représente le bras opérationnel de l’Etat pour la mise en œuvre des projets de développement des services numériques et des systèmes d’information.
D’ici 2026, le Bénin projette de boucler la phase II de son projet de déploiement d’Internet très haut débit sur l'ensemble du territoire. Pareil pour la mise en œuvre de l’administration intelligente ou smart gouv. Le pays dont les ressources naturelles sont limitées comparativement à ses voisins ivoirien et nigérian compte aussi étendre les usages des services en ligne, promouvoir la confiance numérique ; travailler pour la transformation numérique des collectivités locales, moderniser les médias de service public, passer à la télévision numérique terrestre (TNT) et renforcer le développement du numérique dans l’enseignement supérieur. Le coût global de ces divers projets inscrits dans le Programme d’action du gouvernement (PAG) 2021-2026, est estimé à « 369 milliards de Francs CFA », selon les autorités.
Devenir le champion des TIC en Afrique de l’Ouest
L’objectif de la stratégie de numérisation de l’administration et de l’économie définie par les autorités béninoises est clair : faire du pays le leader des TIC en Afrique de l’Ouest. Pour y arriver, le gouvernement met désormais les bouchées doubles afin d’atteindre un taux de couverture des services Internet haut débit de 80 % des entreprises et des particuliers ainsi qu’un taux de pénétration de 40 % pour le fixe et de 60 % pour le mobile. L’intérêt des autorités se porte également sur le doublement de la taille du marché des TIC pour le porter à 580 milliards de Francs CFA et la création de 90 000 emplois directs dans le secteur.
Et last but not least, le pays anciennement appelé Dahomey veut aussi contribuer, via la numérisation de son économie, au développement de plusieurs autres secteurs d’activité. L’objectif ultime est de faire des TIC un nouveau moteur de la croissance, aux côtés de l’agriculture, du commerce et du tourisme qui représentent les piliers traditionnels de l’économie béninoise.